Le 9 mai dernier le Comité du 9 mai (mouvance d'extrême-droite) rendait hommage comme tous les ans à Sébastien Deyzieu, un militant nationaliste de 22 ans décédé le 9 mai 1994 lors d’incidents, à l’issue d’une tentative de manifestation. Vers 22 heures, le quartier Pernety a été le théâtre d'incidents intolérables. Ce jour-là, plusieurs dizaines de militants d'extrême-droite, venus de Paris, de province, d'Italie, de Belgique se sont rassemblés dans une salle de l'église Notre Dame-Dame du Travail pour y assister à un concert de rock dit "identitaire".
Dans la soirée, aux abords de l'église, une rencontre violente s'est produite entre ces derniers, des jeunes du quartier et des militants antifascistes. Les manifestants sont alors dispersés très rapidement pas la police. Un peu plus tard, les militants d'extrême-droite investissent les rues du quartier Pernety et se livrent à des actes contraires à toutes les valeurs républicaines : injures racistes, cris de singes, saluts nazis, intimidations de commerçants et de clients.
Ces faits ont particulièrement choqué les habitants de ce quartier. Des jeunes m'ont sollicité pour savoir comment nous pourrions empêcher à l'avenir la répétition de ce type d'évènements. Aussi, hier soir à l'occasion du Conseil d'arrondissement, j'ai posé une question orale à ce sujet.
Le Maire du 14e, Pascal Cherki, m'a répondu que c'est la tenue du concert à Notre Dame du Travail qui est directement à l’origine des affrontements. Selon le témoignage de son curé, la paroisse Notre-Dame du Travail a été dupée, puisque la réservation de la salle s’est effectuée au nom d’une association, « Envie de rêver », qui s’est présentée comme étant un groupe de promotion des produits de terroir. Or, cette association est représentée par un individu (Serge Ayoub) notoirement connu par les forces de police pour son appartenance à la mouvance nationaliste.
Dans un courrier que qu'il a envoyé au lendemain des évènements au Préfet de police de Paris, le maire du 14e a exigé des explications sur le fait que les services de la préfecture n’ais pas alerté la paroisse sur la nature réel de l’association, ce qui aurait empêché la tenue du concert. A ce jour, nous attendons toujours une réponse.
Dans la série, les racistes et les antisémites sont de sortie, j'ai appris hier, grâce à la vigilance de jeunes du quartier (toujours Pernety), que le cinéma l'Entrepôt devait accueillir aujourd'hui à 11h00, une projection de presse du film intitulé "Sans forme de politesse, regard sur la mouvance Dieudonné" de Béatrice Pignède et Francesco Condemi, et ce, en présence de Dieudonné et Alain Soral (NDLR : colistier de Dieudonné pour les élections européennes !). Pascal Cherki a demandé aux responsables de cet équipement d'annuler la manifestation, à défaut de quoi la Ville arrêterait ses subventions. » . Dans un communiqué le Maire du 14e a déclaré qu' "il est inadmissible que l'Entrepôt, qui bénéficie de subventions de la Ville, serve de tribune à des personnalités condamnées pour antisémitisme. Nous sommes au-delà de la liberté
d'expression."
La position du directeur de l'Entrepôt n'honore pas cet établissement. Même si celui-ci a fini par céder et annuler la projection prévue ce matin, d'une certaine manière, le mal est fait. Il me sera difficile de travailler à l'avenir avec l'Entrepôt comme j'ai pu le faire jusqu'alors. En cette période de crise sociale, la montée des extrêmes et des communautarismes, consitue un vrai danger pour la démocratie. Il est de notre responsabilité d'être ferme avec certains individus, certains groupes extrêmes, comme il est de notre responsabilité d'être exigeant à l'égard d'institutions culturelles que nous finançons.