Magazine Journal intime

Breves de gare

Publié le 04 juin 2009 par Anaïs N.
BREVES DE GARE Gare Saint Lazare par Claude Monet

J'ai connu, autrefois, la Gare Saint Lazare moins tourmentée. Des travaux d'envergure l'ont dépouillée de ses atours. Elle est nue, balafrée, comme fouettée par une tourmente dont elle se serait bien passée... mais classée à l'inventaire des monuments historiques, elle résiste et elle a raison. Le slogan des ses promoteurs s'affiche à tous ses frontispices "une gare neuve à l'horizon 2009-2011" mais, en ce milieu d'année 2009, rien n'est encore joué. Peut être ne veut elle pas vendre son âme et son image comme l'a fait sa consoeur la Gare de l'Est, qui n'est devenue qu'un vulgaire espace commercial...
La salle des pas perdus, dépouillée, dévêtue livrée à tous les vents appellent mes souvenirs. La boulangerie Le Bras n'a plus sa place dans sa niche, en bas des escaliers dans la Cour du Havre, côté monument aux morts. Elle, aussi, résite dans son baraquement. C'est là, qu'au retour de nos balades sur les grands boulevards, Maman m'achetait une brioche pour que dans le train direction Versailles Rive Droite, je reste bien sage... Une brioche avec une barre de chocolat Milka, cela va de soi...
Depuis quelques jours, j'ai repris des habitudes. Chaque matin mon chemin traverse le coeur de cette gare, devenue mutante. Rien à voir avec le Pôle Haussmann du RER E. Non, une vraie gare, en train de livrer sa dernière bataille contre l'invasion barbare du commerce franchisé. Je me souviens d'un horloger, d'un bonnetier, d'un cordonnier... Ils ont tous été priés fermer. Petits métiers utiles aux banlieusards pressés, qui laissaient le matin une paire de chaussures à ressemeler pour la récupérer le soir. Peut on revenir un pas en arrière ? Non, hélas. Juste se souvenir de l'odeur des brioches mais elle est encore là et attrapper au vol, un train de banlieue resté désuet, dont l'alarme de la fermeture des portes me ramène trente ans en arrière... Je vis depuis quelques jours un rare bonheur peuplé de petits souvenirs oubliés et tassés au fond de ma mémoire, comme cette Gare de Bécon les Bruyères dont le nom à lui seul m'a toujours fait rêver...
Et tout doucement, l'espoir renaît.



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