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Terzieff et son Habilleur

Publié le 04 juin 2009 par Stella

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Une nouvelle fois, Laurent Terzieff fait salle comble. Son public est au rendez-vous, passionné, subjugué, bouleversé, ému aux larmes devant ce comédien immense qui se paie le luxe, dans sa dernière pièce intitulée L’Habilleur, de mourir en scène. La relation établie entre lui et nous est quasi charnelle, elle n’a plus grand chose à voir avec le texte. Il pourrait nous réciter des recettes de cuisine que nous serions tout aussi captivés.

Immense, le visage décharné, le corps squelettique que l’on devine sous un méchant collant, il incarne un comédien directeur d’une troupe shakespearienne sous les bombes de 1942. Les temps sont durs et, s’il n’y avait son habilleur - Claude Auffaure, son vieux complice de scène - il serait en perdition. D’ailleurs, ne l’est-il pas un peu ? Sa mémoire, si fidèle, se met à lui faire défaut et sa raison semble parfois battre la campagne. Pourtant, seul il n’est pas. Les femmes l’environnent : sa compagne, qui ne le comprend pas, sa régisseuse, amoureuse en secret depuis vingt ans et jusqu’à une jeune ambitieuse trop sensible à un charme qui restera de façade, lui causant trouble et dépit. “Infirmes, vieillards, tantouzes”, aucun homme ne trouve grâce à ses yeux, pas même l’habilleur qui se croyait un proche et s’aperçoit, à la mort du maître, qu’il ne fait même pas partie des dédicataires de mémoires restées dans la plume de leur auteur.

Terzieff en Roi Lear semble ployer sous sa couronne, à bout de force et de souffle et pourtant, combien magnifique il nous apparait, fantôme décharné éclatant de talent dans pour un hommage magnifique à l’acteur et au théâtre. A la vie de Laurent Terzieff lui-même car il semble bien que ce soit la scène qui soit sa seule nourriture. Une ancienne voisine, dont il était ami, m’avait raconté qu’il ne se nourrissait que d’olives et de pain complet. A le voir, il semble que ce soit la pure vérité. Mais qu’importe, l’aridité de son corps et la sécheresse de son visage participent de son jeu de scène. A la fin du spectacle, nous prions tous in petto d’avoir la chance de le revoir une fois encore, l’année prochaine. Et qu’importe la pièce.


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