confessions (extrait)

Publié le 05 juin 2009 par Didier T.

épreuves de Balzac, corrigées
Cette fois, c’est à Ancenis, au lycée Joubert, qu’il posa son sac. C’était un lycée mixte, plus petit que le précédent, construit dans la ville haute du bourg qui s‘étend au bord d’une Loire alanguie. Ce grand bâtiment, qui sentait la 3ème République, accueillait des classes au rez -de-chaussée et au premier étage, au second était situé le dortoir des garçons et juste en face, de l’autre côté de la cour, dans un autre bâtiment, sur deux étages le dortoir des filles alignait ses fenêtres diaphanes.
Les élèves internes de Première avaient quasiment tous un cursus équivalent au sien, ils avaient essayé un autre établissement avant d’atterrir à Ancenis et ceux issus de la campagne environnante y étaient minoritaires.
Pouvait-il imaginer qu’il garderait de Joubert le souvenir d’une année bénie ?
Les professeurs y étaient enthousiastes, parfois même farfelus, celui d’espagnol n’avait-il pas dans un élan tout ibérique planté des banderilles dans le bureau d’élèves lui faisant face lors d’un cours enlevé sur la tauromachie ? Celui de littérature pour qui Montaigne et Molière étaient le centre de notre monde, le sien allant plutôt se réfugier parmi les auteurs grecs, n’arrivait-il pas le matin en cours, les sourcils couverts de savon à barbe ?
Ces fantaisies s’accompagnaient néanmoins d’une présence et d’une implication sacerdotales. Aucune pièce du répertoire classique ne leur échappait, ils y conduisaient les élèves à Angers ou à Nantes et acceptèrent même que pour la fin de l’année le lycée puisse monter un spectacle théâtral ouvert au public. La négociation fut laborieuse, pour on ne sait quelle raison, ils imposaient Giraudoux et son « Apollon de Bellac ». En réponse à cet ultimatum, cette pièce étant courte, notre gamin obtint de mettre en scène et de jouer dans « La Cantatrice Chauve » de Ionesco.
Entre répétitions, construction des décors, choix des costumes, le dernier trimestre fut
cannibalisé , laissant quand même le loisir de participer au voyage de fin d’année dont
le thème était « dans les pas de Balzac ».
Depuis déjà plusieurs mois, notre jeune ami s’était découvert une passion pour Jo ,brunette délurée qui l’avait invité chez elle pendant un week-end alors que ses parents étaient hospitalisés à la suite d’un accident de voiture. Cette première nuit fut sa première fois et il en garda un souvenir longtemps teinté d’amertume.
Alors qu’il venait d’enfiler son pantalon de pyjamas, avant de fermer la lumière et
rejoindre sa belle, il serra si fortement le traditionnel lacet de tissus, qui à l’époque
fermait les pyjamas, qu’au moment fatidique il ne put s’en libérer. Plus il tirait sur ce satané lacet, plus il serrait le nœud …Rouge de honte, il s’escrima longtemps contre le récalcitrant qui ne cédait pas d’un pouce……… De guerre lasse, il en fut donc réduit à quémander à sa partenaire une paire de ciseaux. Pour sa mère,il imputerait la perte du lacet à une mauvaise blague de ses camarades de chambrée…
La suite fut délectable !!
Pour Jo, toutes les occasions étaient bonnes, surtout celles qui comportaient le risque d’être surpris en pleine manœuvre. Lui par contre, bien que rassasié par cet appétit toujours à l’affût, se préoccupait surtout que sa mère ne découvrit dans son dos et sur les fesses de multiples marques des griffes que Jo lui laissait en «cadeaux myosotis».
Le dimanche soir de retour au lycée, le surveillant de permanence avait pris l’habitude
d’attendre les élèves en regroupant tout le monde dans la salle du réfectoire où trônait
un poste de télévision. Le dessous des tables du fond, là où il s’asseyait, n’oseront jamais raconté les câlins que Jo prodiguait à son "homme"….
Cette frénésie de sexe atteignit son paroxysme lors du fameux voyage de fin d’année,
durant la visite du manoir de Balzac à Saché. Ils laissèrent toute la troupe suivre le gros guide qui ressemblait à s’y méprendre à l’ancien maître des lieux. Gros, court sur pattes, les cheveux gras et la voix éraillée, il semblait faire lui-même partie du monument à visiter, incarnant la Condition Humaine à lui tout seul.
Nos amoureux se retrouvèrent bientôt seuls dans la chambre de l’auteur et, sans doute stimulés par le récit des amours balzaciens, se jetèrent sur la grosse couette blanche qui gonflait le lit fort étroit du Maître…(censuré)…puis, reprenant leur souffle, rejoignirent le reste du groupe qui n’en sut jamais rien.
De quoi recopier cent fois Splendeurs et misères des courtisanes . Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu