“ Le bonheur est un ange au visage grave” (Amedeo Modigliani, mai 1913)
L’occasion pour Ici Palabre de se pencher sur un aspect plutôt méconnu du travail de cet artiste dont la courte vie ne lui a guère donné l’occasion d’une promenade en Afrique, alors que certaines de ses oeuvres, de l’avis des spécialistes, semblent clairement influencées par l’art africain.
On raconte que Modigliani, un mauvais soir d’automne en 1909, aurait précipité quelques unes de ses sculptures dans le Fosso Reale, cours d’eau qui traverse la ville de Livourne en Italie.
Pourquoi ? Les hypothèses sont nombreuses.
C’est cette année-là en effet que Modigliani décide de se consacrer à la taille et au dessin, abandonnant la peinture jusqu’en 1914. Il aurait pu s’agir donc, des premières oeuvres sculptées d’un artiste insatisfait et qui, aujourd’hui mondialement célèbre pour ses nus et ses portraits, ne supportait sans doute pas la médiocrité. Soixante-quinze ans plus tard, convaincue de la véracité de cette légende, la conservatrice du musée d’art moderne de Livourne commande un dragage en règles du canal et retrouve, Ô miracle, trois têtes sculptées “sauvées des eaux”.
Mais, une fois digérée cette anecdote célèbre, on ne saurait rester insensible à la sculpture “authentique” de Modigliani ni à sa relation à l’art nègre. Car c’est en effet dans cet art nouvellement découvert et décodé par de célèbres théoriciens et critiques comme Carl Einstein que l’artiste italien, disparu prématurément à l’âge de 35 ans, va désormais puiser son inspiration, sous l’influence de Picasso et Matisse, découvrant sans doute au contact des cercles cubistes parisiens, le nouveau langage esthétique qui caractérisera l’ensemble des oeuvres qu’il réalise jusqu’à sa mort en 1920.
Sculpture de Modigliani / Musée Thyssen de Madrid, 2008 / à droite: Modigliani, Picasso et Salmon
A.Modigliani / Tête de profil gauche avec chignon (Dessin, 1910)
En observant les dessins et esquisses qu’il réalise entre 1909 et 1914, on ne peut s’empêcher de noter une similitude avec cet effet de grandeur, de virginité et d’immobilité que les artistes du début du XXème siècle découvre dans l’art nègre ( “Un art encore assez vierge pour créer de l’admiration “ a écrit Vlaminck).
NJ
Références:
Expo Modigliani / Kunsthalle de Bonn
Modigliani sur Peintres-analyse.com
100 chefs d’oeuvre d’Afrique Musée du Quai Branly
Galerie André Roussard
ArtSevenSun , Les arts anciens d’Afrique