Voici une caricature qui résume à elle seule
pourquoi et comment l'enseignement en est arrivé à un certain point de non-retour. Tout est inversé. Le prof n'est plus respecté ni considéré comme respectable. On a sappé son autorité au profit
de celle de l'élève "au centre du système scolaire" ce qui revient à dire "l'élève-roi" qui colle, évidemment avec l'enfant-roi qu'il est devenu à la maison. Tout n'était pas génial il y a 40
ans, loin de là, mais au moins les gosses travaillaient un peu, étaient motivés au moins pour plaire à leurs parents... et même si ce n'est pas une raison suffisante, c'était au moins une bonne
raison qu'on voit de plus en plus rarement aujourd'hui avec quelques parents qui se moquent éperdument des résultats de leur cher bambin et qui le lui font comprendre. Sauf qu'un enfant a besoin,
même assez tard dans son évolution, de savoir que ce qui'il réalise fait plaisir autour de lui. Or, les parents sont les premiers à trouver des excuses aux enfants :"On est tous nuls dans la
famille.", "Moi-même j'ai jamais rien pigé en math", "Sa soeur aussi était nulle, pourquoi lui il y arriverait ?", "Toute façon, avec ou sans le bac, il f'ra chômeur", "Pi ça sert à quoi tous vos
trucs que vous lui faites apprendre, hein ?Moi, j'ai pas été à l'école et j'ai un bon boulot."... J'en passe et des meilleures... Et les gamins enregistrent tout ça, à longueur de temps...
Sachant qu'en plus on leur fait comprendre que l'essentiel est dans le plaisir immédiat, dans les loisirs, dans le fun, rien n'est plus logique que leur démotivation totale que l'on subit
actuellement.
Les enfants (et pas seulement eux d'ailleurs) ont toujours eu un côté paresseux. On est tous un peu comme ça, on aimerait mieux s'amuser que travailler, prendre du plaisir que galérer mais au
moins avant on acceptait l'idée de bosser avant de s'amuser parce qu'on avait compris que tout passait par là, y compris la satisfaction de nos parents qui peut-être seraient plus enclins à nous
faire profiter d'un nouveau plaisir : club de sport, nouveau jouet, vacances... La carotte quoi... Et qu'y avait-il de mal à ça ? Rien, je pense. Aujourd'hui rares sont les parents qui jouent ce
jeu là. Au contraire. "Oh, le pov cheri, il a des sales notes, on va lui installer la télé et l'ordi dans sa chambre, ça le consolera.". L'ordi, pour travailler, bien sûr, on n'en doute
absolument pas. Si les parents allaient faire un tour dans l'historique internet de leur cher bambin, je suis sûre qu'ils ne trouveraient que des références très érudites, des encyclopédies, des
sites culturels (quoi ? j'ai barré un morceau du mot, oui, et alors ?).
Bref, quand on vient nous dire qu'il est de notre devoir de professionnels de remotiver les élèves, ça me fait marrer... jaune parce que je ne vois pas comment on pourrait y arriver avec la
pression extérieure qui fait tout pour qu'ils ne soient absolument pas intéressés par le travail mais par tant et tant d'autres choses indépendantes de notre volonté que nous ne pouvons
absolument pas gérer ni maîtriser.