L'ennui c'est que ...

Publié le 08 juin 2009 par Didier Vincent
Tuer le temps, notre meilleur ami, c'est ça l'ennui.



Des fois, aucune inspiration ne vient. Rien ne vient. On a beau attendre, assis sur une chaise, à bailler aux nuages, un ami qui ne viendra jamais ou bien couché dans l'herbe à scruter le ciel en clignant des yeux ou bien encore, comme ici, assis derrière l'écran du désœuvrement, l'écran des mille rengaines déjà trop connues et qui vous ont usé l'envie. L'ennui est un indicateur de temps, la grande page blanche du manque. Ces heures creuses où vous n'êtes que vous-mêmes, extérieur au monde - jouet cassé dont on ne veut plus, qui ne vous amuse plus - au dessus de vos mille passés, au-dessus encore de vos mille futurs. Entre deux.

Je connais ces moments de temps à autre, qu'on dit creux où il s'agit de tuer le temps, comme on dit, alors que c'est l'inverse qui se passe. On se pose là, sur le tapis roulant, flegmatique, sans bouger, pensif. C'est utile et inutile à la fois. Gagne-t-on du temps en en perdant de la sorte ? Je ne sais pas. Mais à faire mille choses quotidiennes aussi bien le perd-on, non pas le temps qu'on occupe (au sens spatial), mais son être. L'être de l'ennui comme un lac intérieur que vous seul fréquentez. Sa vision disparaît dès que vous tentez de le partager.

Alors, on évite souvent cet être ennuyeux que l'on est en jonglant avec les heures : emploi du temps. L'ennui, c'est le temps à contre emploi, donc, au travers ce manque d'action et de relations, une vision éphémère des milles autres personnes que l'on aurait pu être, si on en avait eu le temps.

En haut : l'arbre, une saynète visuelle, comme un Magritte.

En bas : une vidéo émouvante de la Croix Rouge belge.