Imaginaire

Un papillon qui volète. Voilà ce à quoi j’aspire. Regarder un papillon sur un fond de ciel bleu. Sentir la douce chaleur printanière sur mon visage, délesté du poids des soucis. Observer les nuages, leurs donner des noms et des formes. Sentir le vent. Plisser des yeux sous la force du soleil. Poser ma tête sur la cuisse de la femme que j’aime et m’endormir là, somnoler, rêver à ce que sera ma prochaine histoire. J’entends le gargouillis d’une source. Ce sera une noyade. J’entends un oiseau chanter dans un arbre. Ce sera en voulant échapper aux battements d’ailes. Je sens l’herbe sous mes doigts. La peau écailleuse d’un serpent. Je ressens tout la force rougeoyante du soleil sur mes paupières closes, ce sera la morsure du feu. Un mot suffit à une histoire. Un souffle, un baiser, parfois font naitre des chroniques. Et cette voiture qui passe à plusieurs kilomètres en contre-bas. Je l’entends faiblement, mais ce pourrait être l’augure d’un tueur en série. Mes paupières se soulèvent. Une brindille, un petit morceau de bois. Une société secrète de voleur d’âme. Une main qui frôle ma joue. Une vision annonçant la venue d’une force sans comparaison. Le vent qui me berce et c’est une tornade, un souffle de destruction qui ravage la ville. Quand on est heureux, on a pas l’envie d’écrire, par contre, on peut se laisser rêver.

— Eleken,
Fait beau