{Juste une poignée d’épingles}

Imaginez ma surprise ce matin quand, plongeant mes mains dans la poche de ma veste, j’ai attrapé cette poignée d’épingles à cheveux. Cette veste, je l’avais prêté à ma soeur, cette nuit de Juin, pour qu’elle réchauffe sa robe de mariée.

Je me rappelle de ce moment où je l’avais aidé à retirer les épingles de ses cheveux, alors que la plupart des invités dormaient depuis longtemps et que son mari refaisait le monde en bas. Son chignon en contenait tellement que nous inspections minutieusement sa chevelure, en ricanant de fatigue et des restes d’excitations de la journée. C’était il y a presque une année et pourtant, ce moment de complicité, je m’en rappelle comme si c’était hier. Le jour se levait, le plancher du château où nous dormions craquait et nous chuchotions nos impressions sur la journée qui venait de passer.

C’est toujours un peu étrange quand un morceau de passé nous rattrape si vite et sans prévenir. L’espace d’une seconde, quand j’ai découvert cette poignée d’épingles à cheveux, je me suis retrouvée entourée de ma famille, au printemps dernier, dans le tourbillon des préparatifs du mariage. Je me suis rappelé cette complicité qui arrive de plus en plus rarement avec ma soeur, depuis que la distance nous sépare. Et les larmes me sont montées aux yeux.

Et puis j’ai réalisé le principal: j’avais la chance, malgré tout, d’avoir de si beaux souvenirs en tête. Car ce sont ces souvenirs qui m’aident à sourire quand le manque sournois veut s’installer et me faire oublier que c’est ici, et pas ailleurs, que j’ai décidé de vivre.

Et j’ai rangé ma poignée d’épingles dans ma boîte à souvenirs.