-Cette nuit, le petit garçon est venu fendre la lune avec sa hache.
C’est ce que me racontait mon père, menteur comme je l’aime, quand on observait la lune coupée en quartier sur la grande galerie les soirs d’été. Il n’était pas un de ces menteurs couverts de honte parce que leur nez allonge, non, il était de cette catégorie de menteurs qui envoient des éclairs de magie par leurs yeux qui se mettent à pétiller comme ceux des enfants impressionnés.
Aujourd’hui, je sais bien que mon père nous menait en bateau mes frères, ma soeur et moi: à observer la ligne si fine du croissant de lune, je sais qu’elle n’a jamais pu être dégrossie à la hache! Ah! Ça non! Moi je sais. Le petit garçon n’a jamais eu de hache! Pour que la coupe de la lune soit si bien définie, il a toujours travaillé avec une scie sauteuse. C’est plus précis.
Maintenant, il faut que j’essaye de faire avaler ça à mon père, qui m’a transmis ses éclairs de magie dans les yeux, mais ses éclairs à lui sont encore plus puissants que les miens. Il viendra bientôt me voir avec maman, j’ai hâte, on va se faire un petit combat de *menteries!
*menterie = mensonge pieux sans gravité en “québécois”.