J’ai marché sur un chemin de terre aride extra sec le long d’un champ de luzerne, j’ai rencontré une pépinière à l’abandon.
Il m’explique qu’il a fermé sa pépinière depuis un an et qu’elle est à vendre, mais elle ne trouve pas preneur. Il a peut-être vu en moi l’espoir d’une acheteuse d’où cet air sympathique. Il me dit en riant qu’il se cherche un vrai emploi, sans pudeur, sans blessure à l’estime de soi. Tout s’en est allé au Mexique qu’il me dit, le salaire minimum a trop augmenté et ça coutait trop cher d’embaucher.
Ce gars vient de m’avouer candidement qu’il est au bord de la faillite et il a toujours l’air de ne pas s’en faire avec la vie, il respire la confiance en lui au volant de son Ford. J’ai souvent été fascinée de ce trait culturel constaté chez pas mal d’Américains : cette confiance inébranlable en leurs propres moyens, ce détachement face aux difficultés, tout le contraire de l’apitoiement. Compter sur soi en premier, pas sur l’État. Accepter comme une loi de la nature, la loi de la jungle sauvage du marché.
Je constate les ruines de ce que furent jadis ses serres prospères, tout est laissé en friche. Des palmiers en pot agonisent et pour certains il est déjà trop tard. Quelques plantes indigènes plantées à même le sol survivront et se reproduiront à même les ruines. La loi de la nature demeure tout de même plus forte que celle du
Je l’ai laissé en lui souhaitant bonne chance.
Tellement.
La désolation s’est installée dans ce coin de Brawley, avec, à quelques kilomètres, le plus beau Wal-Mart « architectural » jamais vu. Il est ouvert 24heures, et entre autres, il vend des plantes et des fleurs. Mais de là à faire un lien de cause à effet… Lui, ne semble jamais l’avoir fait.