Magazine Journal intime

Edna Stern

Publié le 09 juin 2009 par Stella

ednastern.1244568405.jpg J’ai beaucoup de chance : j’habite dans le même immeuble qu’Edna Stern. Je l’ai vue emménager, enfin, j’ai surtout vu arriver son grand piano à queue et ce que je pense être un piano-forte, vu que c’est aussi sa spécialité. Depuis, nous nous croisons en bonnes voisines, entre porte et courrier. Petite, fluette, elle est discrète comme un oiseau. Souriante, affable, elle n’a rien d’une diva et pourtant, c’est une grande artiste. Pour s’en convaincre, il suffit de l’écouter ne serait-ce que cinq minutes. C’est facile, car notre immeuble est sonore et elle n’a pas pu totalement étouffer les sons. Ils s’échappent comme autant de gamins endiablés à travers sa porte, qui donne sur le hall d’entrée. C’est alors un plaisir chaque fois renouvelé. Son jeu est fluide, aérien. Comme je ne suis pas critique musical, le laisse le soin à Jérôme Bastianelli de porter la comparaison (dans un article rédigé pour la revue Diapason en 2005), que je partage entièrement  : « Son jeu au piano porte déjà la marque des trois grands pianistes qui l’ont façonnée et dont elle a su réaliser une improbable synthèse : le panache de Martha Argerich, la musicalité de Leon Fleisher et l’impeccable finition de Krystian Zimerman. »

Il m’est arrivé de m’attarder plus que de raison devant les boîtes aux lettres, le temps de la fin d’un mouvement. Je dois même avouer avoir écouté toute une partita de Bach… à la cave, où j’étais sensée déposer une simple valise.

Mon propre piano (droit, je vous rassure) achevant de se désaccorder gentiment dans ma chambre, j’ai un jour de rencontre osé lui demander les coordonnées de son accordeur. Elle sortait et ne pouvait me répondre. Le lendemain, elle a glissé un petit mot dans ma boîte, avant que je ne réalise que mon pauvre Ehrart n’intéresserait jamais l’accordeur d’une professionnelle. Qu’importe, le geste était gentil. 

J’écoute Edna Stern sur Radio Classique, station très décriée mais que j’apprécie car elle est moins bavarde - et moins élitiste - que France Musique. Ainsi ai-je appris qu’elle aurait voulu être danseuse. Quel bonheur qu’elle ait finalement préféré le piano. J’aime particulièrement son interprétation de Schumann, toute en finesse mais sans académisme. Elle vient de sortir un enregistrement des préludes et fugues de Bach, que l’on peut écouter de temps en temps sur Radio Classique. Plus confortable et moins indiscret, mais tellement plus conventionnel qu’un petit “direct” dans la cave !


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