Parfois je me rend compte en parlant* que ma vie est totalement fascinante (mais pas comme celle de Mlle Bagieu, fascinante en vrai...). Hier midi, je philosophais (je soliloquais ?) devant des gyosas (miam !) sur mon improbable voisinage... Et (madame) j'vous jure ! C'est vrai, j'habite au 45 freak show road !
Je vous laisse seuls juges :
1er étage : Mr Je-vis-dans-une-dimension-parallèle. 60 ans, son loisir principal est d'écrire des courriers incendiaires (3 par semaine, quand il est en forme) au syndic de copropriété, datés selon le calendrier révolutionnaire, avec des calembours de l'almanach Vermot pour exprimer toute sa hargne envers la société, et en particulier moi, qui ait décidé de repeindre les boiseries de l'immeuble d'un vert "digne d'une salle d'attente d'un service psychatrique" (perso, je connais pas hein, mais si il le dit, c'est que ça doit être ça !). Il bat sa femme en écoutant du Stravinsky très fort pour étouffer les cris.
4ème étage, sur mon palier : Mr J'ai-tué-mon-psy. 30 ans, un clic-clac, une chaise et un dentier pour tout ammeublement. Il aime le dépouillé. Quand le voisin du dessus l'a innondé, il a choisi de se lancer dans la culture de champignons et moisissures murales, du plus bel effet, et en odorama, et pendant 4 ans. Ce garçon est un obssessionnel compulsif de ma personne (ou de ma porte, je ne suis pas bien sûre), quand je rentre chez moi, il m'observe par son judas. Il dit qu'il est inspecteur des impôts, mais en fait non (j'ai mes sources !). En vrai je pense qu'il s'appelle Norman Bates et cache sa mère empaillée dans la chambre.
En face, sur cours : La famille Je-crie-pour-m'exprimer. Et en arabe, et entre 23h54 et 4h32 du matin. Toute une smala, digne d'un roman de Zola. Le père, couturier-nain dort dans la baignoire, les fils connaissent 4 mots de français (et pourtant ils vivent ici au moins depuis 2005 !) : but, bière, arbitre, enculé. La mère, nettoie le sol et on la plaint !
Côté rue, 6ème étage, pas d'ascenseur : Mlle Je-vis-toujours-dans-les-années-90. 25 ans, pratique la culture du cannabis, et bénéficie pour cela d'un appui de fenêtre stratégique plein sud. Fan de Souchon, Rock Voisine et Céline Dion. Elle a une voix aussi indécente que la mienne (sauf que je ne chante pas - à part Fanchon ou La Fille du Bédouin et uniquement si on me provoque).
Et on arrive à l'été, période bénie pour les parisiens qui vivent sur cour. J'entends les ébats de mes voisins, les ronflements (nettement moins sexy), et Céline Dion en bruit de fond... Comprennez-moi, il m'arrive d'avoir des envies terribles de meurtre ! Et si je boycotte la fête des voisins, c'est pas parce que je ne suis qu'une sale associable !
La prochaine fois, promis, je vous parle du "Troquet" le rendez-vous des pieds-bots, femmes-serpents et enfants à deux têtes du quartier !
* Je m'exprime peut-être un peu trop, je bavarde, je pérore, je tchatche (mon lointain passé toulousain sûrement) mais on ne se refait pas : au CE1, Mme Sabut, écrivait sur mon bulletin : "Elève éveillée (sic !), mais à tendance à bavarder en classe".