"La Part de l'Autre" - Eric-Emmanuel Schmitt

J’ai fini ce livre dont je vous parlais l'autre jour. Je l’ai littéralement dévoré pendant le week-end.

E-E.S part du postulat que si Hitler avait été reçu à l’examen d’entrée aux Beaux-Arts sa vie aurait été différente.

Selon l’auteur, notre vie n’est que le résultat de circonstances qui ont engendré des choix et des décisions. Nous avons tous une part d’ombre. Peut-être que selon les circonstances, nous aussi, nous pourrions "mal tourner". 

Je trouve courageux de la part de l’auteur d’avancer ce genre de théorie sur un homme qui reste un véritable tabou historique autant qu'humain.

J’ai aimé ce livre déjà pour oser écrire 400 pages en rendant parvenant à rendre Hitler aussi humain, qu'on en vienne même à le "plaindre"…

Mon seul regret réside dans le choix même de l’auteur, qui l’explique à la fin de son roman dans une sorte de « Journal » de l’écriture de ce texte, de passer sous silence l’holocauste.

Il n’en « détaille » que le moment de la décision d’une « solution finale ». Le reste, il n’en est rien dit. Sûrement que ç’aurait été un sujet bien épineux de risquer de rendre une vision « humaine » à cette tragédie. Donc tout a été mis sciemment entre parenthèses.

Sachant que je m’étais justement mise en tête de lire ce livre pour avoir un éclaircissement sur ces faits-là…

Je reste aussi sceptique que cet homme qui au départ n’avait aucune idée raciste ni antisémite se soit tourné avec une telle facilité vers l'extrême droite. Ceci pourtant n'avait rien de romancé. Au sortir de la première guerre mondiale, il était antisémite, comme l’explique l'auteur dans son journal.

Une chose a été en revanche fort bien rendue, c'est l'arrivée au pouvoir de ce petit gars fort éloquent, qui n'a jamais menti une seule seconde sur son projet. Les politiciens des autres pays alentour restaient incrédules, persuadés qu'un homme "avec des idées pareilles" ne pouvait accéder au pouvoir. Le pire, c'est qu'à aucun moment il n'a menti, qu'il a été clair dès le début et qu'il a pu aller au bout de cette barbarie dont il se vantait déjà juste avant de parvenir au but. Et on ne l'a finalement jamais empêché de le faire...  

Pour conclure, j’ai beaucoup aimé la plume de cet auteur. J’ai beaucoup aimé le rythme de son roman. Mais malgré tout, ces deux points évoqués ont légèrement amoindri mon enthousiasme. Comme si j’étais restée un peu sur ma faim…

Vous pouvez lire un extrait ici.