Sur l'autorité - quelque soit son détenteur - : il ne peut y avoir autorité que dans la vérité. Voilà qui éclaire le devoir de l'objection de conscience :
"Nous ne pouvons donc pas parler de Dieu en partant de nos inventions, mais de ce que Dieu dit de lui-même dans les Écritures Saintes. Mais, étant donné que Dieu ne dit que la vérité, Scot Erigène est convaincu que l'autorité et la raison ne peuvent jamais être en opposition l'une avec l'autre ; il est convaincu que la véritable religion et la véritable philosophie coïncident. Dans cette perspective, il écrit : « Tout type d'autorité qui n'est pas confirmée par une véritable raison devrait être considérée comme faible... Il n'est, en effet, de véritable autorité que celle qui coïncide avec la vérité découverte en vertu de la raison, même s'il devait s'agir d'une autorité recommandée et transmise par les saints Pères pour la postérité » (1, PL122, col 513BC).
Par conséquent, il avertit : « Qu'aucune autorité ne t'intimide ni ne te distraie de ce que te fait comprendre la persuasion obtenue grâce à un comportement droit et rationnel. En effet, l'autorité authentique ne contredit jamais la juste raison, pas plus que cette dernière ne peut jamais contredire une véritable autorité. L'une et l'autre proviennent sans aucun doute de la même source, qui est la sagesse divine » (I, PL 122, col 511B). Nous voyons ici une courageuse affirmation des valeurs de la raison, fondée sur la certitude selon laquelle l'autorité véritable est raisonnable, car Dieu est la raison créatrice".
Et pour connaître cette vérité, Benoît XVI rappelle toute l'importance incontournable de lire les Saintes Écritures qui ne sont pas une base de discussion, mais un don de Dieu à l'homme :
"L'écriture elle-même n'échappe pas, selon Erigène, à la nécessité d'être étudiée en utilisant le même principe de discernement. En effet, l'Ecriture - soutient le théologien irlandais en reproposant une réflexion déjà présente chez saint Jean Chrysostome - bien que provenant de Dieu, ne serait pas nécessaire si l'homme n'avait pas péché. Il faut donc en déduire que l'Ecriture fut donnée par Dieu dans une intention pédagogique et par miséricorde afin que l'homme puisse se rappeler de tout ce qui avait été gravé dans son cœur dès le moment de sa création « à l'image et ressemblance de Dieu » (cf. Gn 1, 26) et que le péché originel lui avait fait oublier.
Il poursuit sur le mode de lecture de ces textes qui implique humilité, discernement et forcément incompréhension dès lors qu'est abordé le mystère:
"De là découlent certaines conséquences herméneutiques, en ce qui concerne la façon d'interpréter l'Ecriture qui peuvent indiquer aujourd'hui encore la juste voie pour une lecture correcte de l'Ecriture Sainte. Il s'agit en effet de découvrir le sens caché dans le texte sacré et cela présuppose un exercice intérieur particulier, grâce auquel la raison s'ouvre au chemin certain vers la vérité. Cet exercice consiste à cultiver une disponibilité constante à la conversion. Pour parvenir, en effet, à la vision profonde du texte, il est nécessaire de progresser simultanément dans la conversion du cœur et dans l'analyse conceptuelle de la page biblique, qu'elle soit à caractère universel, historique ou doctrinal. C'est en effet uniquement grâce à la purification constante tant de l'œil du cœur que de l'œil de l'esprit, que l'on peut en acquérir une compréhension exacte".
Voilà offerts par le Pape des éléments capitaux pour le dialogue entre les catholiques et "les scientifiques", les "scientistes", et autres défenseurs de thèses en opposition apparente avec ce que nous enseigne l'Église "qui ne peut ni se tromper, ni nous tromper".