Je restais de longues minutes sur le pont, mon front se ridait comme l'eau, et d'étranges sifflements rappelaient mes oreilles à l'ordre. Le bruit changeait le paysage en tableau expressionniste. Il ne me restait plus qu'à crier pour rendre hommage au maître norvégien Munch... Personne ne m'eût entendu et encore moins vu tellement la marée humaine suivait le rythme hypnotique des jeux de lumières et des percussions . Certains levaient le bras, à quelques doigts près, je me serais cru en 33, à Munich...
Et puis, sur un dernier larsen suédois, le guitariste mit fin au supplice. Le silence fut accueilli comme le roi après un charivari. Mes amis bourgeois semblaient comblés, je fus même convié à une partie de carte ; ils me récompensaient à leur façon d'avoir quitter la cabine pour écoper...
-Tu viens, allez ! dit Laurence dont le sourire insistant était infiniment vulgaire mais charmant. Elle se tortillait avec complaisance pour que je monte dans l'antique Peugeot 204 du producteur. J'acceptais du bout des lèvres, me demandant si j'arriverais à affronter jusqu'à l'aube la bêtise et la fatigue. Une chose était sûre : ce vieux tacot nous conduirait immanquablement au prochain chapitre.