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Contes de l'ordi sacré : La mobylette maudite 3

Publié le 12 juin 2009 par Porky

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EPISODE 3 : Où l'on retrouve la bande de branquignols à Marseille et où le Masque de fer fait sécession (à ses risques et périls), mais peut-être pas pour très longtemps...

 L'atterrissage à Marseille s'était relativement bien passé. Logarithme, rendu plus léger par l'air vivifiant du midi, ne s'était rien cassé ; il s'était contenté de se retourner un ongle du pied droit, ongle que l'on remit vite fait dans sa position traditionnelle. Heureusement, le cercle rouge les avait expédiés dans un coin désert, à deux heures du matin ; ils n'eurent donc à expliquer à personne le comment et le pourquoi de leur brutale apparition dans la cité phocéenne.

Quand on fut certain d'avoir tout récupéré, on se tourna vers Monogramme et on lui demanda si elle connaissait cet endroit. Question stupide à laquelle la Princesse de conte de fée répondit à sa manière, c'est-à-dire vigoureusement, en affirmant qu'oncques elle n'avait mis le pied dans cette ville et qu'il fallait arrêter de la prendre pour un guide ambulant. Affirmation qui fit ricaner Myxomatose, lequel déclara que la Princesse n'avait jamais su quelque chose de sa vie et que cela n'avait rien d'étonnant car à force de jouer les Blanche Neige au rabais, on finissait par avoir son QI de mongolienne. Insolente outrecuidance qui déclencha chez notre pure héroïne une crise de colère qu'il fallut enrayer d'urgence. Bref, on était déjà arrivé depuis une heure, et on n'avait encore rien fait et rien décidé.

Le caribou magique ne s'était pas mêlé des diverses altercations qui avaient éclaté ; il réfléchissait et tentait de retrouver un sens de l'orientation un peu perturbé par les cris et chuchotements qui s'élevaient près de lui. « Il doit y avoir un hôtel pas loin, dit-il enfin. Nous pourrions y finir la nuit. Lors de ma dernière mission à Marseille, j'avais logé dans un petit boui-boui sympa. Il me semble que c'était dans le coin. » « Moi, si ce n'est pas un hôtel quatre étoiles, je ne rentre pas dedans », affirma catégoriquement le Prince Charmant. « Loga chéri, sois raisonnable au moins une fois dans ta vie, répliqua la Belle Monogramme. On va juste trouver un lit sans colonnes, avec une seule couette et une lampe de chevet tout ce qu'il y a de plus banale et cela pour une nuit. Tu peux faire un effort, oui ? » Le Prince Charmant considéra un moment l'explication, la trouva finalement à peu près correcte et opina du chef. C'est alors qu'un hurlement les fit tous sursauter.

« Aaaah ! Il est où ? Il est où ? » C'était Multimédia qui s'était tout à coup mise à tourner comme une toupie sur son pied droit. « Qui est parti, ma chérie ? demanda Marsupilania. Arrête de jouer les derviches, tu me flanques le tournis ! » « Mais le Masque de fer, tiens ! » répliqua Multimédia. Et, changeant de pied, elle se mit à tourner dans le sens inverse. « Où, où, il où ? » « Oh, cesse de faire le loup, chaperon à deux balles ! » dit Monogramme. « Elle ne va quand même pas nous perforer la rate parce que ce maniaque de la métaphore a disparu ! protesta Myxomatose. Il doit être dans le coin, cherchez, bougez-vous ! » « Je l'ai pourtant vu atterrir à mes côtés », murmura le caribou magique, vexé de n'avoir point remarqué une aussi remarquable absence. « Moi aussi, confirma Myxomatose. L'ennui, c'est que je l'ai aussi entendu dire « bon, ben moi, je vais voir la mer » Et puis après, je ne l'ai plus vu. Elle est loin, la mer, Princesse demeurée ? » « Comment veux-tu que je le sache, lapin putride ? rétorqua la Belle Monogramme, de nouveau exaspérée. Tu n'aurais pas pu le retenir, non ? Voilà maintenant qu'il se promène seul, la nuit, dans Marseille, au risque de retomber entre les mains de Gudule et du caribou fou ! Ah, vous m'énervez, tous ! Je vais piétiner ma belle robe de Princesse de conte de fée ! » « Tu deviens hystérique, Mono chérie, dit Logarithme. Calme-toi. Après tout, est-ce une si grande perte ? » « Mais s'il se fait à nouveau enlever, on va repartir dans d'invraisemblables aventures et j'en ai marre de me trimballer d'est en ouest et du nord au sud dans ce déguisement inepte ! » gronda la Belle Monogramme en montrant les dents.

« Je la sens ! cria soudain Marsupilania, la narine grande ouverte. Elle est tout près ! » « Mais qui ? » demanda-t-on, un peu surpris. « La mer, évidemment ! Allons tous au bord de la Méditerranée, nous y retrouverons sûrement le Masque de fer. »

Pendant qu'on se dirigeait dans la direction qu'avait indiquée Marsupilania, cette dernière s'était approchée du caribou magique et lui avait fait part de ses doutes. « Honnêtement, caribou magique, vous croyez que cette fois, on va s'en sortir ? » « Pourquoi me demandez-vous ça, ô Vaillante Marsupilania ? » s'enquit le caribou magique, fort étonné. Notre héroïne eut un grand geste désabusé. « Vous avez vu ce qu'ils sont capables de faire ? Ah, je me crois revenue sur le rivage désenchanté, devant l'île Sainte Marguerite... » (1) « Voyons, ne vous démoralisez pas, dit le caribou magique. Ils sont certes très difficiles à manier, mais je suis sûr que tout se passera bien. »

Pendant ce temps, le Masque de fer avançait complètement au hasard, sans prendre garde où il allait, le nez levé vers les étoiles, respirant profondément un air qui lui semblait porteur de mille promesses, brise marine odorante, parfum exquis de la sublime Méditerranée, auquel venaient parfois se mêler quelques relents de poissons putréfiés. Il arriva enfin sur une plage de galets blancs, sans cesse roulés par la mer, et s'assit sur une pierre pour contempler le magnifique spectacle nocturne de la puissance des éléments naturels en action. Spectacle seulement auditif parce que visuellement, c'était niet, on ne voyait que des machins noirs et blancs qui bougeaient, vu qu'il devait y avoir un lampadaire tous les cinq cents mètres et que le Masque de fer avait choisi de s'installer au beau milieu de cette distance, soit à deux cent cinquante mètres de la première source lumineuse. Mais il s'extasia quand même et il pensa. A Sainte Marguerite. A son Œuvre. Et puis, très bizarrement, il pensa à Gudule et un long frisson lui parcourut l'échine. Où était-elle passée, cette infernale gadoue ?...

(Que voilà une bonne question, qui tombe à pic pour clore l'épisode ! L'auteur remercie chaleureusement le Masque de fer pour sa contribution au suspens de ce conte qui n'en manque pas. Donc : Gudule a-t-elle trouvé Carrefour (ou Monoprix, ou Auchan ou Leclerc ou Autre Chose) ? Nos amis vont-ils arriver à rejoindre le Masque de fer avant que ce dernier ne se fasse à nouveau kidnapper ? Et quel va être leur plan (si tant est qu'ils en aient un) pour contrer les tentatives de leurs ennemis ? On patiente jusqu'au prochain épisode...)

(1) Voir Gudule à Sainte Marguerite, Contes de l'ordi sacré 3


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