Un lundi comme celui ci, commence par une insomnie tenace et mordante. Au lever du jour, les éclairs de l'orage allument le ciel boudeur et sombre aux premières lueurs d'un jour qui se veut menaçant.
Une gare de banlieue... sale et l'envie de faire marche arrière, de prendre le premier bus pour retourner au lit... J'ai failli... Franchir quand même le portique pour monter dans un train humide. Une pluie épaisse et grasse balafre le paysage. Les usagers de la SNCF, de quai en quai jusqu'à Paris courbent l'échine sous les rafales. Fermer les yeux à Val de Fontenay. Aller à Paris, boire un café, rentrer... démissionner, retourner à la case départ, ne plus lutter, se laisser glisser, se laisser aller....
Le convoi bruyant dépasse Pantin et s'engouffre dans les entrailles bétonnées de la Capitale. Magenta et Haussmann St Lazare, terminus de mon destin en ce froid matin...
Des escalators me ramène vers la Rue du Havre qui me dévoile un pan de ciel clair. Les trottoirs sont à peine mouillés. C'est à peine croyable...
Je franchis le seuil du Starbucks Café et je m'asseois, presque paisible. Mon regard se perd sur les façades grises qui ont oublié qu'on était en juin. Curieusement mon angoisse se dilue dans les vapeurs de la caféine. Paris me touche l'épaule et me murmure qu'il faut avancer et ne plus reculer, qu'elle est là et veille au grain...
Oui, elle veille au grain ou elle le retarde, car à peine franchi le seuil de mon bureau par la fenêtre ouverte, j'entends de grosses gouttes marteler le toit en face...
J'ai tenu bon encore une fois. Je progresse. Etrange lundi, quand même... A demain.