L'Europe coûte cher

Publié le 15 juin 2009 par Micheljanva

A l'occasion de la sortie de son nouveau livre, Défense européenne, la grande illusion, Jean-Dominique Merchet nous apprend que : 

"Les nations sont trop petites et elles doivent s'associer si elles veulent continuer à jouer dans la cour des grands. On connait l'antienne. Mais c'est faux. L'histoire récente de l'aéronautique militaire européenne est là pour le prouver. L'union ne fait pas toujours la force, et encore moins le succès. C'est l'histoire du combat entre le Rafale et l'Eurofighter. La France a fait le bon choix, celui de voler de ses propres ailes (...)

Deux avions ont bien été construits : le Rafale et l'Eurofighter par un consortium regroupant le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne. Mais entre les deux, il n'y a pas photo, que ce soit sur les qualités de l'avion ou sur son prix. Tout franco-français qu'il soit, le Rafale remporte la partie (...)

Même un europhile convaincu, comme Jean-Dominique Giulani, président de la Fondation Robert Schuman, le reconnaît : «l’idée selon laquelle la coopération européenne réduirait les coûts des équipements militaires ne résiste pas toujours à l'épreuve des faits». Un point de vue partagé par la plupart des spécialistes, qui s'accordent à penser qu'un Eurofighter coûte aux contribuables des pays concernés, au moins 1,5 fois plus cher qu'un Rafale pour le contribuable français (...)

 Quant au Rafale, selon un récent rapport du Sénat français (novembre 2008), le coût total du programme pour l'Etat est de 39,6 milliards d'euros, sur la base de 286 appareils. Plus de 135 millions d'euros par avion, si l'on intègre les coûts du développement, c'est cher, c'est horriblement cher pour le contribuable. Mais la facture aurait été de 50% supérieure si la France avait fait le choix de l'Europe! En faisant cavalier seul, on a donc économisé près de 20 milliards d'euros...

La coopération européenne ne réduit pas les coûts, bien au contraire. Selon la théorie économique, produire plus d'avions devrait faire baisser le prix unitaire de chaque appareil. Ce sont les «économies d'échelle», mais l'Europe a inventé une échelle qui fait grimper les prix. Selon le principe du «juste retour industriel», les pays participants exigent en effet que chacun d'entre eux reçoivent une part de travail proportionnelle à leurs commandes. (...)

Très critiqué, le choix de jouer en franco-français plutôt qu'en européen apparaît aujourd'hui comme le plus rationnel, tant sur le plan des finances publiques que sur celui des besoins militaires."