C’est une jolie journée de novembre, claire et froide. Elle l’attend mais préfère quitter l’ombre de la brasserie pour aller s’asseoir sur le terre plein en face. Il est en moto, elle le verra arriver. Soudainement, elle doute. Le temps ne l’a pas épargnée et il est de cinq ans, son cadet. Cette légère différence d’age l’a toujours dérangée mais elle lui a aussi servi de parapet pour ne pas dégringoler quand il l’a quittée… ou qu’ils ont glissés, ensemble, en silence, chacun de leur côté… Elle se demande ce qu’elle fait là, assise. Elle peut se lever, s’engouffrer dans la bouche de métro proche et à tout jamais lui échapper… Oui, elle va y aller.. Il ne lui en laissera pas le temps, car il est là debout, devant elle, les mains enfouies au fond de ses poches, souriant… Elle se lève et titube, trop d’émotion car il est tel qu’elle avait imaginé qu’il serait avec le temps qui passe. Sa quarantaine dépassée lui donne un peu d’une rassurante épaisseur. Il ne ressemble plus à un chat écorché. Il porte sur le visage les griffures du temps et malgré ses cheveux rasés on devine que désormais, ses tempes sont grises. Il se penche et l’embrasse. Dans son regard, son reflet au miroir de son âme et elle devine qu’elle est aussi telle qu’il avait envie qu’elle soit. Ouf, ils sont quittes.
Cette courte nouvelle était parue sur un autre blog, en février dernier. Je l'ai retrouvée par hasard, soigneusement archivée par Paperblog. Comme le temps me manque tout au long de la semaine pour écrire, désormais, j'ai eu envie de la rééditer...