On se souvient de la scission qui a divisé l'AGSE (ici, ici, ici, là) il y a plusieurs mois. L'assemblée générale bien agitée de ce mouvement début mai avait vu la réelection de la tendance en place et donc déçu et suscité la démission de chefs en particulier de Bretagne et du Lyonnais.
Alors que nous parvenaient ces derniers jours plusieurs documents (par exemple : "Avançons ensemble", "Compte rendu de la rencontre avec Messeigneurs Rivière et Gaschignard", etc), il apparaît officiellement dans la presse que, conformément à ce qui se préparait depuis plusieurs mois, une majorité des perdants de l'AG ont été accueillis chez les guides et scouts de France en perte d'effectifs.
L'action forte de deux évêques dans ce transfuge - dont en sous-main le surprenant et très intéressé président du Conseil pour la pastorale des enfants et des jeunes, monseigneur Rivière - peut laisser craindre une main-mise cléricale sur le scoutisme par le biais des scouts de France ainsi renforcés, même si le moment semble arrivé de profiter de la baisse de régime du bureau du scoutisme mondial pour redonner un élan vraiment catholique au scoutisme qui en a bien besoin. Certains clercs y voient l'occasion de réaliser enfin le grand projet cher aux évêques français de la création d'un bureau catholique du scoutisme français sous tutelle de la CEF dont sera de facto exclue l'AGSE qui, en plus de sa dimension européenne, refusera une telle hiérarchisation, contraire à ce que dit le Conseil pontifical pour les laïcs : le scoutisme est et doit rester un mouvement laïc d'éducation catholique.
Parmi les conséquences directes et rapides de cet événement, on pourra compter sur l'affaiblissement de l'AGSE actuelle puisqu'elle va à son tour perdre des effectifs et une certaine importance dans les organes représentatifs du scoutisme (bonne réaction ici). Cet affaiblissement sera aggravé par l'étiquette qui lui sera collée d'avoir refusé une main tendue des évêques et l'unité avec les scouts de France.
Comme bien souvent, il n'y avait en son temps aucune raison de se réjouir de cette scission que certains aimaient à voir comme une promesse de jours parfaits à venir : l'unité - comme celle de l'Eglise - impose toujours la pleine vérité, beaucoup de charité et de patience dans les relations humaines et doit toujours être privilégiée quels que soient les efforts qu'elle demande; si séparation il doit y avoir, qu'elle se fasse sans scandale, ni publicité. La division, la dureté, les manoeuvres humaines et l'envie d'en découdre n'ont rarement rien apporté de positif. Un nouvel exemple bien malheureux...