Je ne peux pas vous raconter ma semaine à Barcelone en passant plus longtemps sous silence l'anecdote de la grosse crevette à l'interphone.
Un après-midi alors que nous avions fini de réviser notre leçon d'anatomie, on sonna à l'interphone de l'appartement loué. L'homme, encore à moitié dévêtu, alla répondre et crut entendre le mot "carabinero" (en tous cas ce n'était pas son frère, parti à Barcelone avec nous et en excursion de son côté mais pas assez doué en espagnol pour nous faire une blague en VO).
Alors que l'inconnu se lançait dans une longue phrase, l'homme le coupa dans son élan d'un "no comprendo" (un abus de visionnage des Bronzés font du ski sans doute) puis revint vers moi en me demandant si carabinero ne signifiait pas policier (il a fait allemand seconde langue). Manque de bol le guide du routard n'incluait pas une rubrique "que faire si on sonne à l'interphone de votre location?" et nous restâmes perplexes, sûrs d'avoir descendu les rideaux roulants du salon pour ne pas être accusés d'atteinte aux bonnes mœurs.
L'interphone se mit à nouveau à grésiller, l'homme crut entendre une nouvelle fois le mot "carabinero" et s'imaginait déjà en train de moisir dans une geôle espagnole suite à une erreur judiciaire alors que je suggérais lâchement que l'inconnu allait bien finir par se lasser. L'homme lâcha alors un désespéré "Do you speak english?" qui resta sans réponse et quelques secondes plus tard l'interphone résonna dans un autre appartement.
Mes yeux se posèrent alors sur un dictionnaire Larousse Espagnol-français rangé dans une étagère du salon.