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Illusions
Publié le 25 septembre 2007 par Joëlle SacréCe matin, c’est à ses côtés, bien calé sous la couette, que j’ai chanté. Elle a posé sur moi ses yeux endormis puis m’a caressé de ses longs doigts fins et j’en ai attrapé des couleurs.
Nous sommes allés prendre le petit déjeuner dans sa cuisine ensoleillée, nous étions en retard et je lui ai rappelé son tailleur à aller chercher chez le teinturier.
La journée s’est effilochée, nous ne nous sommes pas quittés et le soir venu, elle s’est préparée à grands coups de mascara, de poudre sur le nez et de parfum enivrant, tandis que je l’attendais sur le divan, impatient.
En passant, elle m’a attrapé et ne m’a plus lâché jusqu’à ce que sa Yaris démarre dans la nuit. Il faisait beau, il faisait chaud. Elle roulait vite et nous nous rapprochions de la ville. J’étais bien.
Arrivés au centre, elle chercha précipitamment un parking. C’est là que notre complicité calme de la journée tourna au drame. Je m’y attendais mais comme à chaque fois, ce fut l’incompréhension, la tristesse et l’abandon : la nuit se fit brusquement nuit noire, nuit silencieuse et nuit solitaire car Natacha venait de rompre le charme sans pitié. Aveugle, muet et caché, je finirais ma soirée au fond de sa poche, comme à l’accoutumée : les GSM sont les malvenus au cinéma