Quand je lui ai dit « J’ai viré de bord ! », Christophe a cru que j’étais passé à l’UMP ! L’imbécile ! Comme si je pouvais entrer dans un parti de bouffons libéraux ! Comme il me connaît mal ! Rien que ça, ça m’a découragé d’aller plus loin. Ma confidence, je la ferais à quelqu’un d’autre.
L’après midi, j’ai téléphoné à Juliette, peut-être qu’avec elle, ce serait plus facile. J’ai commencé de la même façon « J’ai viré de bord ! ». Elle s’est exclamée, d’un ton désinvolte.
- Oh, ça arrive à tout le monde !
Comment ça ? Ça arrive à tout le monde ! Ça m’étonnerait bien que ça arrive à tout le monde ! J’ai préféré ne pas insister et passer à autre chose.
Le soir même, j’ai téléphoné à Jean, un copain que j’ai connu chez Manpower, une agence d’intérim. Quand je lui ai dit « J’ai viré de bord », il m’a demandé atterré.
- T’es devenu pédé ?
- Tout juste, lui ai-je répondu, content d’être compris.
Et il m’a raccroché au nez.
PS : texte écrit à partir d’une consigne donnée par l’atelier « Les impromptus littéraires »