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Baden Powell dopé à l'éther

Publié le 19 juin 2009 par Didier T.
Baden Powell dopé à l'éther Baden Powell dopé à l'éther
 
 
 
 
 
 
Satisfaite pour une fois des performances scolaires de son rejeton, ma mère fit des pieds et des mains pour m’inscrire à un camp scout pendant les grandes vacances. Grâce la bonne volonté de voisins compatissants y ayant inscrits leurs mouflets,je pus partir vers le Jura du côté de l’Absalette.
N’ayant jamais pratiqué de scoutisme, au sac à dos de mon paquetage fut ajouté une belle boite en bois contenant des médicaments susceptibles de soigner toute la compagnie et les villages alentour. Des bandages, des comprimés, des pansements, des onguents, de petites fioles contenant alcool, éther et mercurochrome et autres médications irremplaçables.
Comme j’étais le dernier arrivé dans la patrouille, je fus déclaré « cul de pat » et le
contenu de ma boite de pharmacie personnelle m’octroya l’insigne honneur d’être
chargé de l’infirmerie.
A nous donc Baden Powell, son chapeau, ses shorts longs, son foulard et son nœud en
cuir !
A moi le plaisir d’être systématiquement désigné pour les tâches les plus gratifiantes,
l’édification des latrines après en avoir creusé le trou, la construction des tables et des
bancs pour les repas, la vaisselle.
La vie au grand air, les chants du soir, à la veillée autour du feu de bois, accompagnés
par la guitare d’un moniteur qui se prenait pour Sœur Sourire, tout cela était beau ,
était grand et conférait à ce séjour une impression de liberté, surtout le soir quand au
dessus de la forêt une myriade d’étoiles constellait le ciel dégagé.
Cette sérénité sylvestre, nouvelle pour moi, fut malheureusement interrompue par un
épisode peu banal.
Alors que conformément aux règles du scoutisme, la patrouille, dans sa tente, se
préparait à la sieste, un des scouts se plaignit de maux de tête et moi, infirmier de
service, propriétaire d'un vrai hôpital de campagne, ne trouvais rien de plus efficace comme médication que d’ouvrir la bouteille d’éther, en barbouiller le visage du souffrant et oubliais d’en refermer la fiole dont le contenu s‘évapora dans la tente pour le plus grand bénéfice de ceux qui avaient du mal à dormir en ce début d‘après-midi…et des autres !!!
C’est dans un quasi coma éthylique que, sur le coup de cinq heures, secoué par des moniteurs inquiets du soudain silence de ce groupe d’ordinaire turbulent, je fus sorti de mon Nirvana.
Toute la patrouille était assoupie !!!!
Après enquête, une fois tout le monde réveillé, je fus convaincu d’avoir volontairement endormi la patrouille (ce qui était faux) et, après colloque entre les responsables, il fut décidé de ramener le coupable à Nantes dès la première occasion.
Viré, même de chez les scouts…. la honte dans le quartier !!
D’autant que dans la famille des voisins qui avaient facilité mon inscription, une jolie fleur brune aux yeux de biche et portant le joli nom de Soizic me lançait depuis longtemps des regards (à mon avis...) prometteurs.
J’avais l’air malin quand les commères de coin plaignaient ma mère à haute voix d’avoir un fils aussi asocial, aussi ingèrable..!
Fin de vacances d’été, bouclé au cinquième étage avec des milliers de lignes de punition à rédiger avant que ne soit concrétiser l’éternelle menace d’un internat, "en pension et à la campagne", j‘attendais la rentrée avec impatience.
Vague à l’âme.
Sépulcral, fut le silence dans la voiture qui nous conduisait début septembre vers le lycée de Châteaubriant à cinquante kilomètres de Nantes. Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu

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