Magazine Journal intime

Jour J, témoignages d'une journaliste anglaise...

Publié le 10 juin 2009 par Araucaria

http://colleges.ac-rouen.fr/povremoyne/college2/discipline/anglais/images/drapeau%20anglais.gif
Iris Carpenter est une journaliste anglaise. Elle couvre le Blitz à Londres puis doit s'exiler aux Etats-Unis pour devenir le correspondant de guerre qu'une femme ne peut devenir dans son pays d'origine. Couvrant la bataille de Normandie pour le Boston Globe, elle va être traduite devant un conseil de guerre pour avoir fréquenté le front "sans autorisation"!
Les blessés avaient tous fait partie de la première vague d'assaut sur la tête de pont près d'isigny et dans la campagne qui bordait les plages. Ce n'était pas un objectif facile à enlever. Les mitrailleuses fauchaient les hommes qui couraient et rampaient vers le peu de terrain qu'ils trouvaient à couvert. Il y avait de nombreuses blessures à la tête et au thorax. De mauvaises blessures... En plus des nids de mitrailleuses, le secteur était truffé de mines. Et les blessures causées par l'explosion des mines sont encore plus effroyables que tout ce que l'on peut imaginer... Sur ce bateau, il fallait que trois chirurgiens opèrent de façon simultanée. Un blessé pour chaque chirurgien... Ils avaient été installés dans le réfectoire de l'équipage, utilisant les tables en guise de blocs opératoires et la cuisine en guise de salle à pansements...
J'ai dit au cuisinier que je préférais manger à même le sol plutôt que sur un bout de table pendant que l'on pansait les blessés de l'autre côté... Le major McCanmon avait pratiqué deux amputations de la jamabe la nuit du jour J...
Iris Carpenter
Source : collections mémorial de Caen

On prenait le temps d'enterrer les hommes mais il y avait des cadavres d'animaux partout. Je ne sais pas pourquoi la vue du pelage d'un mouton gisant en boule sur le côté, raidi par la mort, ou celle d'une vache dont le cou était tendu vers le ciel avec ses plis flasques, ou celle d'un cheval, les quatre pattes raides comme fichées dans un ventre ballonné, soulignaient plus encore les horreurs de la guerre que ne pouvait le faire la vue des hommes qui en étaient victimes. Je sais seulement que c'était ainsi, sans doute parce que les animaux sont innocents et ne peuvent en aucune manière être tenus pour responsables de la guerre.
Iris Carpenter, No Woman's World, 1946
Source : bibliothèque de l'Université de l'Ohio.
Paroles du jour J - Lettres et carnets du Débarquement, été 1944 - Librio n° 634.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Araucaria 31 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine