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Nostalgie, quand tu nous fais chier...

Publié le 22 juin 2009 par Didier T.
Nostalgie, quand tu nous fais chier...
Aujourd'hui, mon père, mon Papa donc, 73 ans, allergique à tout, greffé d'un rein et malgré tout vert comme un haricot et l'esprit tellement candide que Voltaire en aurait étranglé le sien, a décidé d'une chose étrange. Il s'est enfermé dans la cave de son appartement, plutôt que d'aller à son club de boules.
Oulalah, me direz-vous, que peut-il se passer dans une cave d'un immeuble des quartiers sud de Marseille ? Rien de répréhensible, je vous rassure.
Voilà que mon Papa, nous l'appellerons Max parce que d'abord, c'est pas long à écrire et qu'en plus, c'est un joli prénom, a décidé de reprendre tous les Ektachromes (des diapos quoi) qu'il trimbale depuis 1962 ou 63, de dérouler son écran portatif, de lancer le projecteur de diapositives et de photographier, avec son appareil numérique, toutes ces images enfermées depuis des lustres dans des boites en fer qui ont contenu un jour des gâteaux secs.
Et là, j'y ai vu ce que ma mémoire conserve depuis que j'ai une conscience (c'était un matin de 1979, je me suis réveillé et je me suis dit, les cheveux hirsutes et la barbe inexistante faute d'hormones (et non pas l'inverse, car je perdrai mes cheveux vers l'âge canonique de 99 ans) : "pourquoi que je suis là ?". J'y ai vu mon passé, mon passé tellement heureux que je n'arriverai jamais à la cheville des sourires étalés sur celluloïd, de ces sourires masquant souvent des malheurs et douleurs cachés, de ceux qu'on ne photographie jamais.
Il m'est venu une espèce de boule à la gorge qui m'a presque empêché de respirer, tellement j'ai plongé dans ces souvenirs si simples et tellement loin ! J'y ai vu l'un de mes fils alors que c'était moi. Je me suis vu moi, le papa de 2009, alors que c'était mon père. J'y ai vu mon frère, sans poils, ce qui est une gageure car aujourd'hui, j'essaie de voir mon frère à travers ses poils, j'y ai vu ma mère, avec ces coiffures improbables qui furent pourtant à la mode, j'y ai vu les morts, ceux qui ne sont plus là et qui continuent d'exister.
J'y ai vu tout simplement mon passé, j'ai écrasé une larme idiote, peut-être deux, et je me suis dit une seule chose (en allant pisser parce qu'il faut bien le faire de temps en temps) :
A trop aimer ton passé, n'en oublie pas ton avenir. Le leur tout du moins.
Et quand je tiendrai mes fils dans mes bras, dans quelques jours, je repenserai à tout ça, et à ce moment-là, je penserai à leur avenir, et surtout, à notre présent commun.
Pour qu'ils pleurent un jour sur ce qu'ils auront perdu, et qu'ils pensent la même chose que moi ce soir.
Merci Max.
Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu

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