La raison qui nous engage à
parler des songes, après avoir dit quelque chose de la fuite du siècle, doit
paraître évidente. En effet, lorsque, pour l’amour du Seigneur, nous avons
renoncé à nos biens et à nos proches, et que, dans l’exil volontaire, nous nous
sommes consacrés et comme vendus à Son service et à l’amour des biens célestes,
les démons, jaloux de notre bonheur, tâchent de répandre le trouble et
l’inquiétude dans nos âmes, par le moyen des songes. C’est ainsi qu’ils nous
représentent nos proches, tantôt dans les pleurs, tantôt étendus sur un lit de
mort, tantôt plongés dans le chagrin à cause de nous, et tantôt tourmentés par
quelque malheur; mais celui qui croit aux songes, comme à quelque chose de
réel, ressemble à une personne qui courrait après son ombre, et qui ferait des
efforts pour la saisir.
saint Jean
Climaque : L'Échelle sainte
«De la fuite du
monde»