Photo attrapée iciMa semaine a commencé dimanche par une rage de dents.
J’ai pris une boîte entière de comprimés anti-douleur espérant que ça agirait mieux et plus vite. Grave erreur. J’ai vomi jusqu’aux boyaux pendant que dans ma rue la fête de la bastongue battait son plein. Un gros baraqué noir criait à un petit excité torse nu avec un bandana de guerre dans les cheveux « Arrête de faire ton chaud ! ». J’avais, en effet, bien envie de répliquer, entre deux vomissements, « ouais, la vie, arrête de faire ton show ! ». On se serait presque cru dans un film de Scorsese, une guerre de gangs dans un quartier glauque de New York, alors qu’en fait, au quotidien, on est dans un quartier bien bobo de Paris. Les nouvelles boutiques à la con fleurissent « Et vous », « Bel Air », « Sushi shop », « Bash », Loft design by »…des vêtements ou des sushis hype, mal taillés souvent, de qualité contestable, de nouveaux uniformes payés à prix d’or par des femmes gâtées. Si la crise continue trop longtemps, les boutiques faneront aussi vite qu’elles ont fleuri, laissant des sols poussiéreux et des murs sales, laissant les buveurs de mauvaise bière et les dévoreurs de merguez grasses reprendre le terrain.
Aujourd’hui j’étais dans le 8ème, pour un rendez-vous. Un temps, j’ai habité tout près du parc Monceau, dans un gros quartier bourgeois. Dès 21h30, les boulevards, pourtant très spacieux, étaient vides. Les gens ne sortent pas la nuit dans ces quartiers cossus, pourtant le bus de la RATP s’arrêtait juste en face de chez moi, pratique. A Montmartre, la nuit il y a une vie, des gens qui rentrent et des gens qui sortent même s’il fait noir, et bien les bus de nuit de la RATP ne passent pas. Cherchez l’erreur. Je me souviens, lorsque je rentrais tard le soir près du parc Monceau, j’engageais la conversation avec les arbres. Je m’excusais de ne pas leur adresser la parole dans la journée ; leurs branches étaient peuplées d’oiseaux et j’avais toujours peur qu’un oiseau se répande sur moi, une peur grotesque mais traumatisante. Je dévalais chaque jour l’avenue Monceau le plus rapidement possible avec un paquet de mouchoirs en papier serré fort dans la main. La nuit c’était différent car les oiseaux étaient couchés. Mais le silence de ces grandes avenues me faisait tellement flipper que je m’adressais aux arbres. J’ai quitté sans regret mon appartement près du parc Monceau. Et aujourd’hui j’aimerais assez y retourner et cultiver des fraises sur mon grand balcon. Monceau, c’est l’endroit idéal pour les familles.
Demain, remaniement des étiquettes, les soldes. J’ai envie d’une quatrième combinaison-pantalon, d’une paire de chaussures (je n’ai pas encore porté celle du printemps que ma mère m’avait généreusement offerte mais qu’importe, -tiens- tout comme je n’ai pas porté les combinaisons n°2 et 3) et surtout, bien que je doute qu’elle soit à nouveau soldée, je voudrais, ENFIN, la bague YSL, la même, ou à peu près, que celle achetée cet hiver puis retournée, aussi sec, honteusement, parce que vraiment pas à ma taille, non je n’ai pas les doigts taille XS, non, non, non. Je veux cette bague, oui je la veux, c’est mon lot de consolation pour avoir, vaillamment, affronté une abominable rage de dents doublée d’une malencontreuse intoxication médicamenteuse. Vive la vie ! Vive les bagues ! Vive le luxe !
Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu