Bon, en fait, moi aussi, je me plains tout le temps.
Mais c'est que j'ai été surpris, aussi. Ils le savent, pourtant, que je DETESTE les surprises. Je t'ai déjà raconté à quel point il est agréable de m'offrir des cadeaux, non ?
En gros, ça donne : tronche de six pieds de long, moue embarrassée, gestes maladroits au moment de déballer, surprise de la découverte qui peut aisément passer pour de la déception (je n'ai jamais réussi à saisir la tête que je fais dans ces moments là, mais il paraît que ça met tout le monde très mal à l'aise), discours de remerciement qui ressemble un peu à un "merci d'avoir écrasé mon chien, vraiment c'est sympa, hein, je m'y attendais pas"...
Bref, je ne sais pas gérer les trucs gentils, surtout quand ce sont des cadeaux.
Je dis sus aux coups de cravache et aux noms d'oiseaux, je suis issu d'une jungle sentimentale, moi. Et je te dis prout.
Re-Bref, tout ça pour dire quoi ?
Ah oui, donc, hier soir, j'arrive devant chez moi, à la bourre comme d'hab' (j'avais le GG qui attendait depuis genre trois heures que je revienne du boulot pour se débarrasser de sa valise), et là, sur quoi tombe-je donc ?
Mais des nues, surtout, tombe-je ?
Sur le frangin. Avec sur les bras un carton de la taille d'un bureau.
"Gné ? Qu'est-ce que c'est que ce truc ?"
"Une télé"
"Mais... J'en ai déjà une"
"Ouais, mais c'est une merde, elle est trop vieille et trop petite"
"Bah ouais, mais j'en ai une quand même."
"Bon, laisse-moi entrer, je vais te l'installer"
"Gné ? Mais c'est quoi ce délire ? D'où tu m'achètes un truc pareil, ça coûte cher !? Il vient d'où le fric, hein ?"
"De ton cul"
"..."
"Nan, sérieusement, Mère a vendu ton piano et elle nous donne la moitié de la somme à chacun. Ta moitié, c'est la télé."
"..."
"Bah quoi ?"
"... Et elle vaut la moitié de la somme, au moins, la télé (puisqu'on ne me laisse même pas le choix) (alors que c'est les soldes et que j'ai plus un rond) ?"
" En fait, non, j'lai achetée en soldes, ça me fait une plus grosse moitié"
"..."
C'est à quel sujet ?
Moralité : moi qui me suis toujours moqué de la beaufitude de mes petits camarades de lycée qui, sitôt leur diplôme en poche et leur premier job acquis, s'achetaient une télé géante pour mettre dans leur salon de 13 m2 en banlieue... me voila avec un écran plat qui occupe la moitié de mon mur dans un clapier de 12m2.
Ma mère m'a traité d'ingrat, du coup.