Une histoire d'attachement...

Publié le 27 juin 2009 par Araucaria
Des chiens à l'écoute
Lorsque l'entente est établie et vécue au quotidien, la complicité est parfois si forte entre un homme et un animal, sauvage ou domestique, qu'on a parfois l'impression qu'il y a transmission de pensée. L'animal est en fait réceptif aux signaux physiologiques qui sont le résultat d'une émotion, c'est à dire aux messages que véhiculent les comportements et les actions de l'homme. Il peut ainsi comprendre l'état mental dans lequel se trouve son maître et réagir en conséquence à la peur, à la joie, à la tristesse ou à l'anxiété. L'idée que l'on se fait de notre relation avec un animal, et le besoin que l'on a de celui-ci, organisent des structures affectives qui façonnent certains de ses comportements. C'est la raison pour laquelle on peut voir des chiens tomber malades à cause de l'idée que leur propriétaire se fait d'eux, particulièrement dans le cas des chiens dits de "remplacement". Ne pouvant supporter la souffrance de la perte d'un chien et plutôt que d'en faire le deuil, le maître effondré se précipite pour acquérir un autre chien physiquement identique au disparu. Dans ces conditions, le chien n'aura pas la chance d'exister à travers sa propre personnalité puisqu'il sera comparé en permanence au précédent. Quoi qu'il fasse, il sera toujours moins bien que l'animal décédé et idéalisé. De fait, le monde sensoriel du chien n'aura pas de cohérence car toutes les interactions entre lui et son maître seront troublées par le poids de cette comparaison. Chaque posture, sonorité, odeur ou mimique de l'homme parlera de son trouble et constituera un environnement confus où il ne pourra prendre aucune place. Pour peu que la situation se prolonge, le chien dont les émotions ne sont pas régulées par un comportement clair de l'homme finira par souffrir d'un trouble métabolique, d'un comportement altéré ou de maladies : ulcère, dépression ou dermatose.
Les chiens sont à l'écoute de nos comportements et à l'affût de la moindre indication. La plupart d'entre eux se montrent aussi terriblement fascinés par l'idée que l'on se fait d'eux. Si nous attendons d'un chien qu'il devienne un sportif ou un être doué pour le combat, il le deviendra. Le bouledogue, qui a jadis été crée pour se battre, a été récemment redécouvert par le public comme un compagnon rustique et tranquille. Le récit social a changé et le chien s'est adapté.
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Dans la Rome antique, les molosses participent aux jeux du cirque. C'est dans l'arène qu'ils combattent les ours et les lions, quand ils ne gardent pas, comme en Grèce, les troupeaux de boeufs ou l'entrée des cités et des demeures.
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On dénombre aujourd'hui près de quatre cents races de chiens, toutes obtenues à partir de sélections dirigées et répétées ou à partir de mutations accidentelles. Certains chiens poursuivent, comme aux origines, leur mission d'éboueurs de campements afin de débarrasser les humains des déchets susceptibles d'attirer les prédateurs et de développer des maladies. En Inde, ce rôle est dévolu aux chiens parias qui errent dans les rues et nettoient la voie publique de ses détritus. Ils font toujours office d'animaux de trait chez les peuples du Nord comme jadis chez les Amérindiens avant l'arrivée du cheval. Les attelages canins étaient encore fréquents en France au XIXème siècle et il n'était pas rare de voir des charrettes de lait tirées par des chiens dans la Belgique des années 1930. Tout au long de l'histoire, le chien a accompagné l'homme jusqu'à lui servir de bouillotte pour les nuits froides. "L'homme a décidément tout fait subir au chien", remarque l'ethnologue Jean-Pierre Digard. Jamais aucun animal dans l'histoire de la domestication n'a eu, en effet, à subir à ce point le poids de l'homme.
Boris Cyrulnick - La fabuleuse aventure des hommes et des animaux - Pluriel - Hachette Littératures -

Chiot cane-corso (photo trouvée sur le net) - Notre Bob était ainsi lorsqu'il a fait irruption dans notre vie.

"Le Cane Corso est un chien de type molossoïde. Ses origines, comme celles du Mâtin Napolitain, sont très anciennes. Ces deux races à part entière ont sans doute un ancêtre commun, le molosse romain, qui pourrait avoir donné deux types:
- un lourd, duquel descendrait l'actuel Mâtin Napolitain.
- un autre plus léger et agile, serait l'ancêtre du Cane Corso.
Cette théorie se réfère aux différents bas reliefs ou peintures des périodes étrusque et romaine.
Le mot "corso" apparaît dès les premières années du XVème siècle. Ce terme est rapporté par Téofilo Folengo (1491-1527) - Canes inter seu corsos sive molossus - Niccolo Machiavelli (1469-1527) emploie le terme Cane Corso dans un poème intitulé "L'âne" : "… et un Cane Corso aboyer à la lune".
Le Suisse Konrad Von Gesner (1516-1565) dans son "Historia animalian" parle largement du Cane Corso. Tito Giavani Scandino dans son "Poème de la Chasse" (1556) décrit aussi le Cane Corso.
Pour conclure cette brève histoire, un témoignage poétique, œuvre de ERASNO di VALVASON (1523-1593) dans son poème "La Chasse" (1591) dans lequel il le désigne par le terme Corso ou Mâtin. En voici la description qu'il en donne:
"Qu'il soit droit et rapide comme le lévrier, mais plus fort et gaillard; qu'il soit gros, mais pas lourd au ralenti car trop gras; qu'il soit fortement charpenté et très nerveux; et qu'il soit facilement irritable, hautain et superbe".
La noble hérédité qui court dans le sang du Cane Corso et qui l'accompagne tout au long de son histoire nous amène dans un passé récent dans le sud de l'Italie.
Le Cane Corso vit là depuis des siècles, mais il y est aussi enfermé dans les limites d'une région : la terre des Pouilles, la Lucanie, la Calabre et la Sicile. Prisonnier de barrières naturelles, on peut parler " d'îlot de conservation " du Cane Corso, puisque cet isolement lui a permis de garder ses caractéristiques ancestrales." - Association Française du Cane Corso - Chien de cour italien -

Il va de soi, qu'ayant eu des rapports si forts et si affectueux avec Bob, je serais tentée de revivre une autre belle aventure avec un autre chien de la même race. Ce sont des molosses fantastiques, doux comme des agneaux, timides et calmes... Bob, comme toutes les petites bêtes qui  ont rejoint notre foyer, était un "laissé-pour-compte", un chiot jugé déjà trop vieux par son éleveur pour être vendu, et donné pour s'en débarrasser... A une époque où j'ai vécu une grande solitude (départ de toute la maisonnée) ce petit chien, qu'il m'aura fallu beaucoup soigner, m'aura été d'un très grand secours. Peu d'humains à l'époque se préoccupaient de savoir si je n'étais pas trop seule dans cette grande maison vide et isolée, si je ne m'ennuyais pas... mon chien, avec sa fidèle et gratuite affection de chien était là... Il n'y aura aucun Bob de remplacement, c'est impossible puisque chaque animal, comme chaque homme, a sa personnalité, son caractère, ses qualités et ses défauts... Il serait illusoire, absurde, et complétement fou de rechercher et vouloir retrouver un clone de mon cane corso. Il est impensable de cloner une amitié. Plus que d'autres, parce qu'il était lui et que les liens que nous avons tissés étaient étroits, il laissera une empreinte indélébile dans ma vie...comme Hector, adorable chat noir qui m'avait choisie, bien décidé à se faire adopter...comme Grise, jolie chatte, dernier souvenir vivant d'un ami décédé... A chaque fois de superbes histoires et de magnifiques rencontres...