Après une série de nuits d'un blanc éclatant, mon esprit broyait du noir, il torréfiait les idées les plus sombres, lesquelles, en retour, le plongeaient dans une tasse de mélancolie sans sucre.
Le décor de la rue de Tolbiac avait changé, le chef éclairagiste était caché par des gros nuages en carton et les bruiteurs faisaient montre d'un certain excès de zèle. Les voitures avaient des airs menaçants que je ne leur connaissais pas.
Les bus me sermonnaient paternellement, les motos m'injuriaient gravement, les scooters se contentaient de se moquer de leur rire sardonique qui s'éternisait. Je cheminais lentement au bras de Mme Fatigue qui appuyait sa lourde tête sur mon épaule. On s'arrêtait hébétés aux passages piétons, et l'on repartait groguis par ce tohu-bohu de moteurs furieux, de klaxons hystériques et de piétons braillards.