Nous y re-voilà…
Le coup de gueule d’André Gérin et de ses 57 collègues
co-signataires n’aura pas mis longtemps à réveiller les ardeurs des moralistes
du temple de la pensée vertueuse.
Comme pour le voile en son temps, les inquiétudes légitimes du maire de
Vénissieux provoquent les mêmes effets, et donc ressuscitent
les bons vieux commentaires aux ficelles éculées, dénonçant des fantasmes
islamophobes, des populations stigmatisées, et l'exploitation de phénomènes
ultra-marginaux sensés reléguer au second plan d’autres priorités sociales. On
connait…
Et ça marche !
Car contrairement aux campagnes en minimisation de ces gardiens patentés du
"bien vivre en France", n’importe quel citoyen qui ose regarder son pays en
face sans se camoufler derrière ses frilosités, ne peut que constater les
dérives dont ces 58 parlementaires plutôt courageux se font l’écho.
Sur ce blog, nous n’avons jamais perdu une occasion de discuter des outrances
faites au nom de l'Islam sans se cacher derrière son petit doigt ou se
retrancher dans un discours formaté. C’était ici, là, et là, ou encore ici…
Alors n’en déplaise à ces adeptes vertueux du déni systématique, et au risque
de me faire à nouveau traiter de xénophobe ou de raciste, il sera hors de
question aujourd’hui encore, de m’abstenir d’appeler un chat un chat.
Il y a quelques années, Jean Louis Borloo, déjà ministre, à
l’occasion d’une matinale dans les studios d’une radio nationale, s’était fendu
d’une phrase passée complètement inaperçu et pourtant lourde de sens:
"Il faut bien que les français comprennent que la France, c’est
l’autre pays du Maghreb" …
Monsieur le ministre avait-il raison? On a le droit de se poser la
question.
Mais on a aussi le droit de s’en poser une autre: Les citoyens de se
pays ont-ils envie de vivre dans un pays du Maghreb?.
A celle-ci je réponds non, et trois fois non.
La société pluriculturelle et pluricultuelle dont je suis issu comme beaucoup
d’autres, est une richesse que personne ne peut contester (sauf à se prévaloir
d’une idéologie nauséabonde), mais ne peut trouver son équilibre qu’en
canalisant intelligemment les débordements inévitables de ses particularismes.
Nous nous sommes dotés, dans cette entreprise, d’un outil indispensable :
la laïcité.
C’est probablement animé de cette vision qu’André Gérin et les
députés qui lui ont emboité le pas, ont décidé de tirer une sonnette d’alarme
dont la poignée aurait du être saisie depuis bien longtemps par certains de
leurs prédécesseurs, visiblement englués dans les limbes de leur politiquement
correct.
Car enfin personne n’est dupe. A part Mme Aubry et quelques
autres qui ont visiblement besoin de consulter un ophtalmo, il suffit d’ouvrir
les yeux sur n’importe quel trottoir de n’importe quelle cité de n’importe
quelle région pour constater depuis quelques années, la multiplication
inquiétante de ces femmes fantômes à tous les niveaux de l’activité
urbaine.
Le dire sans prendre de gants est non seulement un droit, mais c'est aussi
observer une réalité on ne peut plus visible qui a depuis longtemps dépassé le
stade du marginal.
Évidemment, ces offusqués de service voudraient nous faire gober que les femmes
qui déambulent du matin au soir déguisées en Batman le font de leur plein gré,
et qu'elles vivent admirablement leur condition féminine endrappées du sol au
plafond.
En tête de cortège, l'incontournable CFCM qui n'a pas de mots
assez durs pour condamner l'infamie de cette coalition républicaine, et qui
hurle, par la voix de son chef de file, à la remise en cause des libertés
individuelles.
Rappelons s'il est encore nécessaire, que le CFCM ne bouge pas
le petit doigt sans l'aval de l'UOIF (Union des Organisations
Islamiques de France), lui même composé pour 1/3 de ses membres par la
mouvance des Frères Musulmans dont on connait les principes de
tolérance...
Le problème de M.Moussaoui et de ses lieutenants, c'est que
dans le même temps ils n'ont de cesse de rappeler aux pouvoirs qui se
succèdent, l'impérieux chantier de la mixité culturelle et sociale, celui de
l'intégration, et celui de la lutte contre les discriminations.
Il devient urgent de faire admettre à ces hypocrites notoires que le premier
des principes du message qu'ils ne veulent surtout pas faire
passer est pourtant le seul qui vaille: pour qu'il y ait
brassage ethno-culturel, il faut déjà qu'il y ait échange et
communication.
Quelle meilleure absurdité pouvaient inventer les homme et les femmes qui
défendent les vertus de cette camisole indigne et dégradante, pour museler
efficacement tout embryon de rapprochement et de mélange culturel ?
Ceux qui écoutent un tant soi peu les médias depuis deux semaines, font une
overdose de ces pseudos musulmans et autres "penseurs" qui nous expliquent que
ce pays est un ramassis de racistes en guerre ouverte contre l'islam et son
épanouissement, et qui viennent nous raconter que l'intolérance et le
sectarisme, il faut les chercher du coté de ceux qui voudraient priver ces
femmes de vivre sereinement leur foi à l'abri d'une bâche.
Un échantillon parmi des dizaines de ce genre d'arriérés du bocal, dont la
vision de la femme est resté coincée quelque part entre le conduit nasal et le
lobe temporal sans passer par les neurones :
RMC poadcast d:00:06:46.
Beaucoup plus sérieux dans ce tumulte médiatique, la position de Dalil
Boubakeur (que je n'ai jamais manqué d'égratigner quand il dirigeait
le CFCM) des plus pondérée et d'une remarquable sagesse.(
libéré du joug de l'UOIF, l'homme aurait-il retrouvé sa
liberté de ton?...) :
RMC poadcast d:00:12:39.
Si l'avenir de nos villes c'est la cohabitation d'individus dont une moitié ne
connaitra jamais le visage de l'autre moitié, il faudra qu'on m'explique quelle
chance nous avons de vivre dans une société qui se veut en paix avec ses
différences.
En ce qui me concerne, si je dois échanger, dialoguer, tisser des liens, j'aime
bien regarder mon interlocuteur dans la figure.
Parler à un cône noir qui n'a d'humain qu'une paire de cils qui bat à travers
une trappe de visite, ne m'incite nullement à la communication.
Pire, je vis ça comme une forme d'irrespect.
Ça aura le mérite d'être clair, et accessoirement de donner à mes détracteurs
une bonne raison de se dégourdir la langue.
Car au delà des raisons et des explications toutes plus légitimes les unes que
les autres dont nous abreuvent les inconditionnels de cette mascarade
vestimentaire, ce sont bien les racines des communautarismes qui apparaissent
en toile de fond.
Ces femmes en niqab de plus en plus nombreuses ne sont que l'évolution logique
d'un repli communautaire qui se développe partout dans le pays.
Là aussi, évoquer ce constat expose celui qui s'y risque à tous les noms
d'oiseaux.
Georges Sarre en faisait les frais il n'y a pas si longtemps
en s'inquiétant publiquement de voir son 11eme arrondissement parisien se
transformer en faubourg hongkongais.
Plus récemment, à Evry, Manuel Vals passait à
la moulinette des justiciers de l'éthique pour avoir osé dire que quelques
"blancos" au milieu de cette population "blackos" donneraient un aperçu plus
représentatif de sa vision de la mixité sociale.
En plus du fait qu'ils ont mille fois raison, il faut leur reconnaître l'audace
d'avoir laissé leur langue de bois au frigidaire.
Dire les choses, c'est avancer messieurs les censeurs! Même quand ça
dérange...
Ainsi, regarder sans rien dire certains quartiers se transformer inexorablement
en bastions communautaires, n'a rien de responsable.
Dans certaines cités, acheter un morceau de viande ou un bout de pain qui ne
soit pas halal est devenu impossible. S'offrir une liquette sur le marché est
du domaine du miracle, les Djellaba et autres nijab ayant remplacé les fripes
plus.. conventionnelles.
Dans ces mêmes quartiers, certains commerces ont totalement disparus des
trottoirs, et si vous décidez d'agrémenter votre Saint Félicien d'un Côte du
Rhone village, il vous faudra chercher ailleurs qu'en bas de chez vous, une
épicerie qui l'aura en rayon.
Des propos qui vont en choquer plus d'un ? Certes..
Mais ne suis-je pourtant pas en train de pointer une réalité que beaucoup
reconnaitront, et surtout, devrais-je pour autant la taire
?
N'y comptez pas.
Car ma vision des villes de demain, ce n'est pas un environnement ou il ne sera
plus possible de discerner la couleur de la peau, celle des cheveux, la forme,
le sourire, la beauté des femmes qui ont choisi d'y vivre.
Si nous laissons se développer ce phénomène, quel chance laissons nous à cette
mixité tant revendiquée, si ceux qui veulent abattre les barrières culturelles
et raciales se heurtent à des pratiques qui interdisent le premier des contacts
humains : le regard de l'autre ?
Est-ce cette société là vers laquelle nous voulons tendre?
J'en doute...
Je n'aurai pas la prétention de savoir si une loi peut inverser le processus,
mais ce dont je suis convaincu, c'est de la nécessité de se saisir de cette
dérive avant qu'elle ne consolide des bases que nous ne pourrons plus faire
vaciller.
Un simple historique suffit pourtant à étayer cette prise de conscience
indispensable:
Avant hier ? Rien...
Hier? Le voile...
Aujourd'hui ? Le niqab...
Demain, quoi? La burqa?...
Qu'est-ce qui empêchera demain ceux qui prétendent aujourd'hui que le
niqab est l'expression de la liberté individuelle, d'affirmer demain qu'il en
va de même pour la burka?
En poussant le raisonnement à l'absurde, si nous légitimons une telle
aberration, qui m'empêchera à moi, adorateur fondamentaliste du Dieu
Kunusoulalune, de déambuler à poil sur les pelouses
municipales à la nuit tombée les soirs de pleine lune ?
Plus sérieusement, un travail en profondeur de tous les acteurs sociaux sur les
mentalités serait peut-être une alternative à une loi qui s'ajoutera à un
arsenal législatif déjà pléthorique. Mais quand on voit dans quel sectarisme
idéologique les premiers concernés sont arquebouttés, il n'est pas irraisonné
de penser qu'il sera tôt ou tard indispensable de trancher par les
textes.
Mme Aubry, dont les défroquages municipaux face aux associations musulmanes
rigoristes ne sont plus une légende, considère qu'une loi sur le niqab
conduirait les femmes qui le portent à se cloitrer chez elles.
Et bien chiche, Mme Aubry...
Si comme elles le prétendent, ou comme le prétendent ceux qui s'octroient le
droit de penser pour elles, elles sont dans une démarche consentie de
soumission à Dieu, leur soustraction définitive au regard lubrique de l'autre
ne sera qu'un acte supplémentaire de leur foi inébranlable.
Au moins ne seront-elles plus les insultes visibles faites aux millions de
femmes qui, elles, n'ont pas eu la chance de naitre dans un pays ou elles
existent en tant qu'être humain, et qui combattent avec l'énergie du désespoir
et toujours au péril de leurs vies, contre ces cages de toile que des
traditions barbares les obligent à porter de la plus précoce adolescence au
cercueil.
Dire qu'on nous parle d'un l'islam des lumières...
Manifestement, ceux qui mettent un point d'honneur à en casser les ampoules
n'ont pas l'intention de le voir un jour rayonner.
Prendre le parti d'en rire, c'est une aussi une manière de renvoyer ces
obscurantistes dans les méandres du ridicule qu'ils n'auraient jamais du
quitter.
Jean Pierre Gauffre sur France Info a choisi
cette option, avec le talent qu'on lui connait :
France Info poadcast d:00:02:17.