Magazine Journal intime

La vie en rose

Publié le 28 juin 2009 par Lephauste

C'était ça la vie en rose, une flopée d'épines acharnées, le beau partout et parfumé et nous dans le garage, à dégommer les mouches. Mais c'était pas la vie en rose, c'était la chanson du pauvre nègre qui passait sur l'électrophone. Ma mère avait un faible pour le miséreux. C'est vrai, on était misérablement riche et la compassion passait au fil de l'eau tandis que le pauvre nègre : Un nègre maigre dont les os, semblent vouloir trouer la peau ... Voyait au loin s'éloigner les flancs d'acier du cargo. A chaque fois que la pointe saphir s'accrochait au sillon, le sillage du cargo inexorablement se refermait sur nous : Monsieur l'bon dieu t'es pas gentil ! Moi pas vouloir quitter pays !

La vie en rose c'était une foi de démolisseurs, un art de la ruine, une maison en bois d'allumettes, nos bonnes têtes de petites échardes et le premier, que deux autres tiennent ferme ce pendant que le quatrième, l'initiateur de l'embuscade, craque l'allumette de trop et fout le feu à la bicoque. Craque l'allumette de trop et fout le feu à la bicoque. Nous balisions des empires de brindilles, des nécropoles pour les fourmis, nous chassions le frelon, et rentrions à l'heure de la soupe. Le premier écope du courroux des autorités, ça le galvaude, il a de l'amadou dans le regard, un départ de feu intempestif. Les autres fredonnent en rasant du regard l'étang de bouillon KUB TM, où le vermicelle gélife.

"Quand il me tient dans ses bras, qu'il me parle tout bas, je vois, la vie en ... " La vie en rose c'était s'en prendre plein les doigts des épines, toutes, une bonne fois puis, à toutes fins, retrouver la route du trottoir où sûrement il m'attendait, pour m'emmener au manège où que sais-je ? ailleurs d'autre, d'où qu'il vienne, que captif du microsillon d'où la scie égrennait la sciure des épines, le beau parfumé et flétrit de la vie sans lui.


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