Elle fuit...

Depuis sa plus tendre enfance elle fuit! D'abord sous son lit, elle fuyait son père qui la violait, puis chez les voisins, elle fuyait son mari qui la voilait pour cacher les bleus, et maintenant chez l'étranger, elle fuit les bombes qui ne cessent de tomber!
Sa fille sur le dos, elle lui souhaite un avenir meilleur et dans cette longue procession d'humain, elle imagine ce pays merveilleux que tout le monde lui raconte!
Le voisin d'un cousin a dit que là-bas, les femmes sont libres et égales aux hommes, le viol est punit, tout le monde mange à sa faim, les rues sont sures... Et tout le monde en rajoute sur ce lieux de grâce! Il n'y a pas de bombes, pas d'armes, pas de violences, tu peux faire ce que tu veux!
Même si je suis une femme?
Bien sûr! Elles sont libres je te dis! Tout le monde est accepté là-bas, il n'y a pas d'étranger car ils disent que nous venons tous de la même planète, il y a des arbres, des voitures, d'immenses bâtiments, tout est plus grand, plus beau... Tout est mieux!
Alors elle a fuit, prête à tout sacrifier pour que son enfant, son unique enfant, est un avenir radieux! Elle a quitté la violence quotidienne pour se jeter sur une route pavées de danger, accompagnée de quelques pauvres hères et de leurs familles, elle est partit avec pour seul bagage sa fille de 6 mois. Elle a pu compter sur ses compagnons d'infortunes, ils l'ont aidé, l'ont soutenu plus que jamais personne ne l'avait fait pour elle!
Elle s'est liée d'amitié, chose qu'elle ne pouvait faire avant, avec un homme de 20 ans son ainé, elle à pris des noms, plusieurs, pour les retrouver quand ils seront arrivés! Une nouvelle vie commence sur de nouvelles bases, elle est déjà heureuse. Et puis...
Une rumeur parcourt la colonne! Elle n'ose le comprendre, elle n'ose le croire... Les larmes coulent, les lèvres se tendent, les yeux se plissent, des cris de joies s'élèvent de partout! Des rires, des larmes, aucun n'exprimerait le bonheur ressentit! Après tant d'année dans cette enfer, après ce long et fatigant voyage, le dernier pour certains, elle est à la frontière, à quelques mètres du bonheur!
Elle voit un soldat, elle ne voit pas son arme, elle court vers lui en lui criant se joie, il ne voit du coin de l'œil qu'une menace, elle tend les bras, a-t-elle une arme?...
La foule se calme, c'est le silence! Celui qui s'impose de lui même, le silence froid, le silence qui vous prend aux tripes, le silence qui en dit long!
Une balle dans le cœur. Elle est tombées sur les genoux, le regard plein de bonheur dirigé vers la future patrie de son enfant, puis elle s'est effondrée visage contre sol. Et dans ce silence de mort, un cri de stupeur s'est fait entendre, un cri à vous glacer le sang!
Le cri de l'ignorance pourtant emplit de peines, le cri d'un enfant de 6 mois...