Tabac Presse Loto

Publié le 30 juin 2009 par Willb77


Comme le laissait présager l’enseigne, sur une minuscule surface s’entassait un fatras de périodiques et autres magazines. Les journaux à scandales occupaient une place de choix et les titres en caractère triple vous sautaient littéralement au visage. « JENNIFER, NOUVELLE IDYLE ! NOUVELLE DECEPTION ? », « PASCAL, FIER DE SA NOUVELLE COPINE, bronzage intégral sur le sable de La REUNION », « LES NUITS ENDIABLES DU TOUT PARIS, tromperie et délire à tous les étages » et bien sûr, « L’HOROSCOPE SEXY DE VOS VACANCES : faites ce qu’il faut pour ne plus rentrer seule ».

Un point jeux trônait dans l’angle avec son éventail d’affiches de résultats et de grilles multicolores.

Trois présentoirs surchargés occupaient le centre de la pièce offrant cartes souvenir, DVD et guide touristiques.

L’attraction principale était le comptoir derrière lequel se dressait un mur de paquets de cigarettes, cigare ou encore papier à rouler. Deux clients sur trois étaient là pour « recharger ses munitions » et apportaient sa pierre à l’édifice de la méga industrie du Tabac.

Les français (es) vouent un culte immodéré à cet icône du machisme américain, le cow-boy et les plaines arides, les duels aux revolvers, le brin de paille au coin de la bouche, le crachat sur le sol crépitant d’un saloon .On oublie seulement que les westerns ont leur lot de cercueils bien remplis.

 
Derrière le comptoir, s’élevait un staccato de bips et de sons électroniques. La caisse était tenue par un petit bonhomme à la moustache fine et les lunettes cerclées d’or. Des yeux de fouines détaillaient tout nouvel arrivant. Enfin, pas vraiment nouveau. Sa boutique accueillait beaucoup d’habitués qu’il connaissait par leur prénom.

Ainsi lorsqu’un homme de taille moyenne à la démarche claudicante et aux cheveux poivre et sel fit raisonner le carillon d’entrée, le buraliste débita instantanément son pamphlet :

-   tiens, un revenant. Alors Al, quoi de neuf, tu retrouvais plus le chemin jusqu’ici qu’on t’a pas vu hier.

-   Salut Craver. Pas pu venir, ma femme a encore fait une de ses crises d’arthrites carabinées. Ça va mieux ce matin et sa sœur est à la maison

Répondit-il avec un clin d’œil.

-   ah je comprends mieux. Qu’est-ce que tu veux aujourd’hui ?» l’interrogea-t-il en se retournant prêt à préparer la commande.

Al se gratta brièvement la tempe et répondit :

-   mets moi deux paquets de GIPSY et un ticket de Wordgratt , on sait jamais, il sera peut-être gagnant si Dieu …

-   Parle pas de Dieu Al. Avec tout c’que tu fumes, il veille sûrement sur toi sinon tu serais déjà plus là pour en parler.

Al haussa les épaules et esquissa un sourire.

-   t’as sûrement raison mais j’suis pas venu ici pour entendre ma femme. Je me casse »

Carver grimaça en retour et saisie la monnaie que lui tendait son client, calculant machinalement si le compte était bon. Il fit disparaître l’argent dans la caisse et releva la tête pour la dernière réplique :

« Ouais c’est ça, à demain et bonjour à Suzie »

Al se dirigeait déjà vers la sortie

« J’y manquerai pas. A demain Craver »

Mais ni Craver, ni Al ne savait, que l’un d’eux ne serait pas au rendez-vous demain.

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