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"...pour l'heure, la majorité des aficionados ont déserté les arènes, occupées désormais par un nouveau public ignorant et festif. Pourtant, aussi incompréhensible que cela puisse paraître, aucun acteurs du monde de la tauromachie ne semble disposé à chercher des solutions.D'abord, dans l'évolution de la corrida, ensuite dans la sélection.(...)
C'est ainsi que l'on en arrive à la sélection génétique , qui est le domaine des éleveurs, véritables scientifiques autodictactes qui, sans être vétérinaires, ni généticiens, ni médecins, ont réussi à faire du toro d'aujourd'hui une anomalie au sein de sa propre espèce.
On veut un taureau qui baisse la tête devant la cape, qui se soumettent aux piques, poursuivent les bandelliros et fasse montre d'endurance et de noblesse pendant le long travail de la muleta.
Mais on veut aussi qu'il ait de la présence et qu'il soit beau, harmonieux, noble, doux, bon.
Bref, on recherche un inexistant merle blanc, un hybride, mi-artiste, mi-fauve, pour une nouvelle conception de la corrida. (...)
Dans les faits, la sélection a dégénéré, donnant un animal sans force, dénaturé et parfois noble et doux à mourir d'ennui, qui, au lieu de respect, inspire de la pitié.
Ajoutez à cela la quasi-disparition de l'aficionado connaisseur et exigeant et la domination des toreros stars, et volà le résultat : une espèce bizarre, en mutation génétique constante, un animal nouveau destiné à un spectacle reconverti en rendez-vous mondain, où l'ignorance du public autorise la tromperie et la manipulation.(...)
Pourquoi les éleveurs ne défendent-ils pas leur taureaux ? (...) parce que beaucoup mettent plus d'ardeur à défendre leur position sociale que la noblesse de leurs bêtes.
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Ce toro moderne est un scandale qui, si l'on ne fait rien, mettra fin à la corrida."
Ce texte a été écrit par Antonio Lorca, critique taurin du quotidien EL Pais Madrid. Je l'ai lu dans les pages de "Courrier International" de cette semaine et je trouve que tout ce qui est dit, en creux, sur ce que devient notre société, est terriblement terrifiant.
Me revient en mémoire, une discussion orageuse avec un ami aficionado, notre incapacité réciproque à faire un pas l'un vers l'autre sur ce sujet toujours source de conflits et le seul argument qui me faisait accepter (philosophiquement parlant et surtout pour la paix des ménages), son point de vue, vient de tomber en poussière après avoir lu cet article.
J'aimerais qu'on foute la paix aux taureaux et que l'Homme trouve d'autres façons de rencontrer le "beau et le sublime".
Si, si, c'est possible....
Ils sont beaux dans ce clip non ?