Hier, je t’ai emmenée chez le pédiatre. Je voulais que tout soit en ordre ; ton carnet de santé à jour…Tu as du mal à prendre du poids, je ne sais pas pourquoi, tu es au dessous de la courbe, pourtant tu finis tes biberons, je ne comprends pas ; ce connard m’a humiliée en me demandant de lui montrer comment je préparais les biberons, dans quelle position je te tenais, si je respectais les horaires, si je te changeais avant et après chaque repas. Il s’adressait à moi comme à une petite fille, ou comme à une débile. J’ai haussé la voix et tu t’es mise à hurler ; moi je savais bien que c’était pour lui faire comprendre qu’il me devait le respect, je connais tes cris ; tu comprenais qu’il n’avait pas à me sermonner ainsi, pas comme ça ! Mais lui, s’en est servi pour m’accabler davantage encore, pour que j’accepte une aide extérieure, que je me rende régulièrement à la consultation PMI. CETTE ORDURE M’A fait comprendre que grâce à mon statut de RMISTE j’avais droit à ces aides. Je t’ai emmaillotée et nous nous sommes enfuies de ce cabinet de merde où tu ne remettras plus jamais les pieds….
Bon, je digresse, à mon habitude, c’est ce qu’il me reprochait d’ailleurs, LUI, ton père, celui qui n’a pas voulu de toi et qui m’a rejetée aussi simplement qu’il m’avait faite sienne. Oui, j’étais sa femme, son officielle, sa légitime ! MOI !
Je vais te révéler, à toi, ma petite sœur, pourquoi il a voulu qu’on officialise cette union. D’’abord, il tenait à sa réputation de fonctionnaire de l’Education Nationale….il l’a toujours nié mais je l’ai toujours su. De onze ans mon aîné, il redoutait les ragots. Mais la version qu’il me donna, à moi, sa géniale amante comme il me nommait, c’était qu’il tenait que l’artiste en devenir que j’étais, portât son nom. Non seulement je l’ai cru mais je m’en suis sentie si émue que j’ai accepté aussitôt et je porte toujours ce nom d’ailleurs, je n’ai fait aucune démarche pour le changer…..S’il savait…..
Une fois mariés, tout a changé. NE TE MARIE JAMAIS ! Tout ça n’est que mascarade, une immense connerie colportée par cette société pourrie pour la faire perdurer. PERDRE SON AUTONOMIE EST LE PLUS GRAND DANGER ; et je ne dis pas ça en l’air, crois-moi ! J’espère bien qu’à l’heure où tu liras ces lignes la condition des femmes aura évolué mais j’en doute, je m’en fous de toute façon….
Où en étais-je ? IL A COMMENCE A ME REGARDER COMME SA CHOSE, SON OBJET ; s’est mis à dénigrer ce que je créais, jour après jour. Il sortait seul, s’est mis à boire, est devenu violent, tout ça en UNE ANNEE ; de mon côté, je n’arrivais plus à rien, mon amour m’engloutissait et m’empêchait de peindre. Je voulais un enfant. Je TE voulais, TOI, mon EMMA ! PAS LUI ; il m’a frappée, a taillé au couteau six de mes derniers tableaux. Je ne comprenais plus rien à ce changement radical. Il me reprochait d’avoir ruiné la magie qui régnait sur notre couple. D’avoir de banales envies bourgeoises, qu’il ne fallait pas compter sur lui pour jouer le jeu de la reproduction infâme. J’étais anéantie, restait prostrée des jours entiers à basculer dans sa folie, et s’il avait raison ? Si je n’étais qu’une pauvre conne voulant jouer à la poupée ?
Mais au fond de moi, il y avait toujours cette petite voix qui me donnait raison.
AUJOURD’HUI ELLE M’ORDONNE DE METTRE UN TERME A LA SUPERCHERIE…………………………………………………………………………
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