Magazine Journal intime

De bonnes résolutions...

Publié le 03 juillet 2009 par Perce-Neige
De bonnes résolutions...

C’est tout à fait cela ! L’époque est aux transhumances estivales. Je ne sais pas pour vous, mais j’emporte toujours dans mes valises bien plus que je ne pourrai jamais lire durant mes trois semaines de retraite à la campagne. Sans parler des carnets. Des idées de roman. Des textes à travailler. Des fragments qu’il faudrait reprendre. Et puis j’enrage de l’envie furieuse, et sans cesse repoussée, d’arpenter les alentours : sentiers jamais explorés, paysages superbes qui me sont encore inconnus, sommets enchanteurs aperçus par ma fenêtre et qu’il me plait de croire uniques... On en finit pas… Alors, ce texte de Marcel Bénabou dans « Pourquoi je n’ai écrit aucun de mes livres » (Ed. Hachette), finirait presque par me décourager par anticipation (je ne boucle ma valise que demain soir)… « A peine l'année scolaire achevée, une sorte de rituel intérieur se met en place. Je quitte Paris après avoir réuni livres, dossiers et notes, et je prends solennellement la décision de consacrer à l'écriture la totalité de mon temps : longues journées brûlantes d'Eygalières ou de Chateaumoulin, après-midi plus cléments dans le petit salon bleu de la maison de Feucherolles, près de Dampierre. La solitude alors ne me pèse pas. Chaque jour, pendant deux, trois ou quatre semaines, je m'assois face au même paysage : les flancs secs des Alpilles, les bois encore couverts de brume de la vallée de Chevreuse, les pentes nues du Ventoux, ou bien l'arbre unique du jardin de Vert, dont le tronc mort est devenu presque invisible, tant il est enserré par les débordements épais, redoublés, d'un lierre qui a tout envahi. Moi qui pendant longtemps n'ai jamais pensé à regarder vraiment la nature, je m'initie peu à peu à la contemplation minutieuse. J'apprends à voir les différences entre les gris et les ocres des rochers, entre les multiples variétés de vert. Je sais suivre, et même prévoir, le déplacement des masses d'ombre et de lumière selon les moments de la journée : ici, le soleil va faire surgir un long ruban d'eau entre deux rives désertes, là une simple ligne de peupliers, plus loin quelques vieilles maisons séparées par des jardins, des haies de chèvrefeuille, de jasmin ou de clématites. Je me suis interdit tout autre dérivatif : cigarettes, alcools, journaux ni musique ne pénètrent dans cette pièce au décor austère. Les plafonds sont sans moulure ; sur les murs il n'y a pas de tissu, pas même une fissure sur laquelle pourrait s'égarer le regard. Mais si le paysage devant mes yeux se modifie sans cesse, le papier blanc devant moi ne change pour ainsi dire pas. » Et puis je me dis qu’il exagère tout de même un peu. La réalité n’est jamais tout à fait celle-là. Je me rassure comme je peux… Samedi soir, je serai là bas.


Retour à La Une de Logo Paperblog