Magazine Journal intime

Page blanche

Publié le 03 juillet 2009 par Lephauste

Quelle étrange sensation ? Inlassablement ce temps qui revient, quadrilatère ordonné par le tranchant de la page dématérialisée. Quatrième, cinquième, énième dimension au sein de laquelle c'est toujours au désert que l'on va s'inventer le plein emploi du vide. Je pourrais n'être personne, je ne suis que personne, une machine qui à peu près chaque jour vient et à l'aide d'un programme plein de satellites mal fagottés, entretient l'auteur de ces lignes. Maintenance. Humeur noirte ? Inlassablement ce temps qui revient et parachève ce que la veille il pensait pourtant bien avoir éradiqué, la racine carrée du point final, par le point final. Là tout à coup, tout est calme, un silence raisonnable, un silence supportable, un silence définitif. Mais au désert la fibre continue à chuinter, elle craque comme la marche libre de ne pas se taire sous le poids mort de ce qui est né du verbe. La peur enfantée des catastrophes qui ne viennent pas, qui s'annoncent mais ne viennent pas. Je crois. L'orage va mordre et dépouiller ce qui ne fut que latent, l'attente, lactence de la caféïne, lactance du goudron vaporeux, jactance placentaire des univers morcellés.

La poésie est une apologie du crime, du crime de masse. La poésie n'est pas des fleurs, des parterres, elle est le vent sec qui fane et fauche l'espoir, par dessus le vain parfum des fleurs, et fouaille le ventre comme on retourne du bout du pied la dépouille des parterres. Le produit de la vente de la poésie c'est le deuil, le deuil et la liberté, la liberté et le vide, le vide et la paix, la paix pour peu que l'on en veuille, pour ce qu'elle est. Un protocole d'accord entre le vif et l'émotion. Mettons nous d'accord ou cessons de parler de poésie. Je radote, il y a du sang sous le steak.

Littérature ? Lis tes ratures ? Relies tes ratures ? Relis tes ratures ? Ras en rase campagne, rampe au ras des signes, les blés sont presque mûrs, les bleuets ne sont plus si bleus, au ras des murs, les pavots signent ma page, les blés sont presque mûrs, les pavots dont le sang rend ma page blanche. Et que vous y lisiez ou pas, ma page est enfin blanche. Sauve, seuil au moins, elle.


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