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Un homme affable IV.5

Publié le 03 juillet 2009 par Sophielucide

Emma, je t’aime. Mal, mais je t’aime. Telle que tu es. Aujourd’hui, à l’heure où tu me lis.

J’ai bien réfléchi tu sais ; je réfléchis toujours trop, chaque idée qui me vient est tordue dans tous les sens, j’en envisage les différentes possibilités.  Tu vas connaître Bernard, tu verras c’est quelqu’un de bien ; il m’a toujours aidée ; toujours encouragée. Aujourd’hui lorsque je lui ai parlé de toi, de cet « héritage » encombrant que je te laisse, il est resté incrédule ; m’a sommé de ne pas faire de connerie. C’est mon seul ami, il te plaira, il t’aidera.

Tu sais, Charles me répétait souvent cette petite phrase qui a fait son chemin : « un bon artiste est un artiste mort ». J’ai tenu à ce que mon ami Bernard  garde recluse cette « œuvre » modeste, qui n’appartient qu’à toi. Fais-en ce que tu veux. Peut-être n’aimeras-tu pas. Rares sont ceux qui adhèrent ; mais on ne sait jamais, l’art est un milieu aussi  pourri que les autres, avec ses paradoxes, ses contradictions, ses influences instables autant qu’éphémères.
La voix est là ; à l’instant même où je t’écris, elle m’en dicte chaque mot, insiste sur ma folie, sur la vacuité de ma vie,  mon incapacité à m’y ancrer durablement.  Je n’ai pas su devenir mère. LA VOIX devient même grossière à présent mais tu es là, à côté de moi, paisible et adorable. Ton souffle pur m’invite aux sommets de la beauté. C’est une vérité que je suis incapable de retranscrire, ni par écrit, encore moins dans un tableau. C’est une abstraction géniale que je touche du doigt, dans laquelle je me noie, une dernière fois.

A la réflexion, donc, c’est à la nouvelle femme de Charles que je vais envoyer le double de cette lettre. Lui, la jettera sans la lire. Je le connais. Elle le forcera peut-être à t’accepter, parce qu’elle est une femme. Pas n’importe laquelle puisqu’il l’aime…………………………………

Nous avons divorcé à l’amiable, par courrier. L’acte a été prononcé la veille de ta naissance. ENCORE UNE IRONIE CRUELLE ………………..

EMMA, je t’en supplie, pardonne-moi !

Tu ne sauras jamais à quel point cette culpabilité me pèse ; je me pensais plus forte que ça. Mais je n’y arrive pas. JE N’ARRIVE PLUS A RIEN ; je ne peins plus parce que l’odeur des pigments que j’utilise t’insupporte. ET LA THEREBENTINE AUSSI ; tu es si fragile, bien plus que moi, je le sais bien mais tu mérites le meilleur, pas ce fantôme que je suis devenue.

JE NE MANGE PLUS ; je ne retiens aucun aliment ; c’est pour ça que mon lait s’est tari sans doute. Mais je t’ai allaitée un mois, tu sais. Non tu ne sais pas EVIDEMMENT  mais c’était bien. JE TE TENAIS DANS MES BRAS ; nous étions nues toutes les deux, nos regards aimantés.  TU ME FIXAIS SI SERIEUSEMENT QU’IL M’ARRIVAIT D’EN RIRE ; tu es la fille de ton père aussi. Ö COMBIEN ! Je ne peux pas garder ça pour moi.
Maintenant qu’il est vieux, peut-être sera-t-il heureux de te connaître…………………………………………………………………………………………..

JE SUIS HEUREUSE QUE TU ME LISES SANS ME JUGER, MON ADORABLE EMMA ; QUE TA VIE SOIT DOUCE
TA MAMAN QUI T’AIMERA TOUJOURS,
MONA

Fin du chapitre IV.


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