-Sembazuru (« les Oiseaux blancs »)
-Mori no yûhi (« le Soleil couchant sur le bois »)
-Eshino
-Haba na kuchibeni-1 (« Le rouge à lèvres de la mère, première partie »)
-Haba na kuchibeni-2 (« Le rouge à lèvres de la mère, deuxième partie »)
-Nijûboshi (« Etoile double »)
Ces fragments furent publiés sous le titre Sembazuru en février 1952 à Tokyo. Le livre a été
Ce qu’il y a d’extraordinaire dans la narration est que toute la communication des sentiments passe par l’intermédiaire des objets, tous forcément sublimes, datant de trois siècles au moins, des vases de shino (céramique du XVIème siècle répondant aux exigences de l’art du thé) ou des tasses signées (de Ryônyû, maître céramiste du XVIIIème siècle), dont une noire qui a appartenu au père. La discussion porte essentiellement sur les qualités comparées de ces objets de style, sur leur plus ou moins bonne adaptation à l’usage qu’on leur fait subir. Tout à partir de là devient métaphorique… Kukimo, dans un accès d’audace, propose à Kukiji de lui offrir une tasse, rouge celle-là, qui a appartenu à sa mère (se souvenir que les parents des deux jeunes gens ont été amants), mais qui a la particularité que celle-ci l’a si souvent portée à sa bouche… qu’on n’a jamais pu effacer la trace de rouge à lèvres qui s’est déposée ! Sommet d’érotisme et de trouble, mais Fumiko a des remords : cette tasse a-t-elle une valeur esthétique suffisante pour faire l’objet d’un cadeau ? Elle se libèrera de l’emprise maternelle qui s’exerce au-delà de la mort en brisant l’objet et Kukiji ramassera pieusement les morceaux, avant de faire succomber la jeune fille à son charme. Eternel recommencement, Fumiko aura des remords et peut-être suivra le chemin de sa mère…
Livre court qui n’est pas sans rappeler certains essais qui paraissaient en France vers la même époque autour du « Nouveau Roman », sauf que là, il n’y a rien de « théorique », seulement une forme de vie qui s’est développée à une certaine époque dans un certain pays. Reste à savoir ce que recouvre objectivement cette forme de vie au Japon (d’un point de vue sociologique), autrement dit à savoir qui, dans la société, demeure (ou demeurait) attaché à cette manière raffinée d’exprimer ses sentiments…
(ustensiles pour le thé et dessin de Hokusai au Musée national de Tokyo)