"L'amour de moy s'y est enclose
Dedans un joli jardinet
Où croît la rose et le muguet.
Et aussi fait la passerose."
chantait le troubadour...
Pour d'autres le jardin est un ramassis de mauvaises herbes, chiendent, ronces, orties...
Quelques pistes...
L'amour de soi
C'est l'élément le plus important. S'estimer implique de s'évaluer, mais s'aimer ne souffre aucune condition : on s'aime malgré ses défauts et ses limites, malgré les échecs et les revers, simplement parce qu'une petite voix intérieure nous dit que l'on est digne d'amour et de respect.
On sait aujourd'hui (...) que l'amour de soi dépend en grande partie de l'amour que notre famille nous a prodigué quand nous étions enfants et des "nourritures affectives" qui nous ont été prodiguées.
Les carences d'estime de soi qui prennent leur source à ce niveau sont sans doute les plus difficiles à rattraper.
S'aimer soi-même est bien le socle de l'estime de soi, son constituant le plus profond et le plus intime.
La vision de soi
Le regard que l'on porte sur soi, cette évaluation, fondée ou non, que l'on fait de ses qualités et de ses défaut, est le deuxième pilier de l'estime de soi. Il ne s'agit pas seulement de connaissance de soi; l'important n'est pas la réalité des choses, mais la conviction que l'on a d'être porteur de qualités ou de défauts, de potentialités ou de limitations.
Ce regard que nous portons sur nous-même, nous le devons à notre environnement familial et, en particulier, aux projets que nos parents formaient pour nous. Dans certains cas, l'enfant est chargé inconsciemment par ses parents d'accomplir ce qu'ils n'ont pas pas pu ou pas su réaliser dans leur vie. C'est ce que l'on appelle "l'enfant chargé de mission".
Un père ayant raté ses études poussera son fils à intégrer une grande école. De tels projets sont légitimes, mais à la condition que la pression sur l'enfant ne soit pas trop forte et tienne compte de ses désirs et de ces capacités propres.
La confiance en soi
(...) Des petits succès au quotidien sont nécessaires à notre équilibre psychologique, tout comme la nourriture et l'oxygène le sont à notre équilibre corporel.
D'où vient la confiance en soi? Principalement du mode d'éducation qui nous a été prodigué, en famille ou à l'école.
Une estime de soi ou des estimes de soi?
On peut avoir une bonne estime de soi dans le domaine professionnel et une moins bonne en matière de vie sentimentale... Un chagrin d'amour entraînera (alors) chez le sujet éconduit ou abandonné un sentiment de perte de valeur personnelle globale.
Les nourritures de l'estime de soi
Au travers de toutes nos activités, nous recherchons le plus souvent à satisfaire deux grands besoins, également indispensables à notre estime de soi : nous sentir aimés (appréciés, sympathiques, populaires, désirés, etc) et nous sentir compétents (performants, doués, habiles, etc). Dans tous les domaines, nous attendons la satisfaction conjointe de ces besoins.
Dans notre couple, nous ne recherchons pas que l'amour de notre conjoint, nous voulons aussi qu'il nous admire et nous estime. Par contre, la satisfaction de l'un sans l'autre ne comblera pas nos attentes : être aimé sans être admiré ou estimé est infantilisant, mais être estimé sans se sentir apprécié est frustrant.
"Dans la vie amoureuse, ne pas être aimé rabaisse le sentiment d'estime de soi, être aimé l'élève", disait Freud.
(...) S'ils écoutent leur logique, les sujets à basse estime de soi préfèrent choisir des partenaires capables de leur renvoyer un regard critique : cela confirme leur propre regard sur eux-mêmes et cela ne les mets pas dans la situation risquée de décevoir l'autre (puisqu'il est déjà au courant de leurs limites, il les choisit donc en connaissance de cause).
Christophe André, François Lelord - L'estime de soi - S'aimer pour mieux vivre avec les autres. Editions Odile Jacob n° 74 -