Superbes fleurs cultivées, racées, nées sous les doigts des horticulteurs passionnés, fleurs rares, fleurs exotiques qui provoquent l'admiration des visiteurs dans les serres ou dans les parcs... toutes ces orchidées, roses de porcelaine, oiseaux de paradis, si brillantes, si imposantes, merveilles de la nature...Quel contraste avec les mauvaises herbes, sans grâce et envahissantes qui se doivent impérativement d'être fauchées pour ne pas disséminer plus avant leurs graines à tous les vents... Et puis parfois, au milieu des ronciers et des avoines folles, s'élèvent quelques fleurs sauvages ou fleurs des champs, orchidées sauvages, bleuets, coquelicots, bourrache, pois de senteur... Sans valeur marchande et naturelles, elles sont parfois admirées, photographiées, célébrées...Elles sont porteuses d'un message d'espoir.
J'ai toujours beaucoup aimé ce texte de Brassens, imaginant Margot sous la forme d'un délicat coquelicot ou d'un bleuet parfaitement ciselé... Il n'y a peut-être que les voyous ou les poètes pour les admirer, mais c'est déjà ça...
Je suis un voyou
Ci-gît au fond de mon coeur une histoire ancienne
Un fantôme, un souvenir d'une que j'aimais
Le temps, à grands coups de faux, peut faire des siennes
Mon bel amour dure encore, et c'est à jamais
J'ai perdu la tramontane
En trouvant Margot
Princesse vêtue de laine
Déesse en sabots
Si les fleurs, le long des routes
S'mettaient à marcher
C'est à la Margot, sans doute
Qu'ell's feraient songer
J'lui ai dit: "De la Madone
Tu es le portrait !"
Le Bon Dieu me le pardonne
C'était un peu vrai
Qu'il me pardonne ou non
D'ailleurs, je m'en fous
J'ai déjà mon âme en peine
Je suis un voyou
La mignonne allait aux vêpres
Se mettre à genoux
Alors j'ai mordu ses lèvres
Pour savoir leur goût
Ell' m'a dit, d'un ton sévère
"Qu'est-ce que tu fais là ?"
Mais elle m'a laissé faire
Les fill's, c'est comm' ça
J'lui ai dit: " Par la Madone
Reste auprès de moi ! "
Le Bon Dieu me le pardonne
Mais chacun pour soi
Qu'il me pardonne ou non
D'ailleurs, je m'en fous
J'ai déjà mon âme en peine
Je suis un voyou
C'était une fille sage
A " bouch', que veux-tu ?"
J'ai croqué dans son corsage
Les fruits défendus
Ell' m'a dit d'un ton sévère
" Qu'est-ce que tu fais là ? "
Mais elle m'a laissé faire
Les fill's, c'est comm' ça
Puis, j'ai déchiré sa robe
Sans l'avoir voulu
Le Bon Dieu me le pardonne
Je n'y tenais plus !
Qu'il me pardonne ou non
D'ailleurs, je m'en fous
J'ai déjà mon âme en peine
Je suis un voyou
J'ai perdu la tramontane
En perdant Margot
Qui épousa, contre son âme
Un triste bigot
Elle doit avoir à l'heure
A l'heure qu'il est
Deux ou trois marmots qui pleurent
Pour avoir leur lait
Et, moi, j'ai tété leur mère
Longtemps avant eux
Le Bon Dieu me le pardonne
J'étais amoureux !
Qu'il me pardonne ou non
D'ailleurs, je m'en fous
J'ai déjà mon âme en peine
Je suis un voyou
Georges Brassens: