Paranoïa (gballand)

Publié le 06 juillet 2009 par Mbbs

C’était eux. Evidemment on ne pouvait être sûr de rien à travers une vitre, mais elle était persuadée qu’à gauche c’était son mari, et à droite, c’était elle, celle qui raccrochait à chaque fois qu’elle répondait au téléphone. Il avait beau jeu de lui dire qu’elle était paranoïaque. La preuve que non puisqu’ils étaient là, tous les deux, à l’arrêt de bus. Quand même, ils étaient gonflés de s’afficher comme ça, juste en bas de chez elle !
Il fallait qu’elle en ait le cœur net, qu’elle la voie de ses propres yeux, qu’elle lui parle, qu’elle lui dise son fait. Fulminante, elle se décida à passer de l’autre côté de la vitre, ressassant déjà entre ses lèvres le discours qu’elle leur servirait. Quand elle se campa face à eux, les mains sur les hanches,  prête à éructer, elle se rendit compte que l’homme n’était pas son mari. Son visage se décomposa, les mots restèrent bloqués sur ses lèvres et elle dut s’appuyer à un poteau pour ne pas tomber.
De toutes façons, elle les retrouverait, il n’y avait pas de danger qu’ils lui échappent…

PS : texte écrit à partir d’une photo gentiment prêtée par P. Cassagnes. Pour voir son site : www.sucrebleu.com