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Epidémie

Publié le 07 juillet 2009 par Cameron

Derrière la porte, il y a quelqu’un. De l’autre côté du bâtiment aussi, je le sais, mais là, derrière la porte de ce bureau, à une épaisseur de peau, il y a quelqu’un.

C’est le contrepoint de son souffle qui accouche du mien.

Mais la ville est morte alentour, théâtre d’ombres ou d’illusions, décor de ce qui fut et qui n’est plus.

Nous sommes les fantômes de nos propres silhouettes.

Aucune chaîne pour nous, cela dit, ni pour moi enfermée derrière ma porte, ni pour celui qui respire si fort de l’autre côté de la cloison. Aucune chaîne, aucun linceul blanc, mais des masques pour protéger notre souffle partagé, et dehors, un monde figé.

Ils ont appelé ça prévention. Derrière la porte, c’est le silence qui ouate la peur inavouée, ici, dans mon espace solitaire, ce sont mes propres battements de cœur dont j’entends l’écho. Tout est semblable, pourtant. La fausse mort de la ville, loin de moi, l’immobilité de ses rives et sentiers, et puis la respiration voisine de la mienne qui me rappelle que dans le désert, nous sommes deux. Désunis. Mais présents.

Peut-être, si nous ôtions nos masques… peut-être, si la porte entre nous s’ouvrait…

Il s’agirait alors de partager un air que chacun de nous pense vicié par l’autre.

Et de ré habiter notre ville d’antan.


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