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Un homme affable VI.3

Publié le 09 juillet 2009 par Sophielucide

Comme prévu, Fabien a marqué le coup tout de même ; je n’aurais su dire s’il était simplement étonné, franchement épaté ou plus prosaïquement déçu par ma témérité, alors il a encore rigolé un peu mais les dés étaient jetés, le premier round était clos et nous préparions à cette semaine de séparation. Dans le silence qui suivit, on aurait pu déceler un vieux blues des familles accompagnant un flash back accéléré de cette semaine durant laquelle mine de rien, nous nous étions attachés l’un à l’autre.  Un blues qui chante aussi qu’on ne ferait plus marche arrière, qu’on allait vers autre chose qui peut-être ne serait pas à la hauteur de nos espérances. En un mot comme en cent, nous commencions de flipper doucement.

Nous devisâmes encore un moment sur ce sentiment si faiblement humain de l’attachement. Fabien me conta alors une vieille amitié avec un hamster, au temps de son enfance ; je lui confiai à mon tour cet amour éperdu qu’avait su m’offrir un chat balinais qui vécut près de dix-huit ans. L’homme est programmé pour s’attacher, se nourrit d’habitudes et se complait dans la routine qu’il prend plaisir à créer pour mieux la dénigrer ; nous n’étions pas nous-mêmes si différents mais au moins en prenions nous conscience, ce qui est déjà ça même si cela n’apportait pas la moindre consolation.

Avant de partir, Fabien a tenu à ce que nous partions sur un pied d’égalité ; il avait ses entrées dans le commissariat de son quartier et me nota sur sa carte de visite les coordonnées d’un ami à lui, qui pourrait m’être utile ;
« C’est un flic, mais tu verras, c’est un vrai chic type, spécialisé en informatique ; c’est lui qui m’a tuyauté sur les adresses IP des ordinateurs des Massier. Comme je suppose que tu vas chercher de ce côté, on ne sait jamais ; je le préviendrai de ton éventuel appel. Paul est super sympa  en plus mais ne mets pas le grappin dessus, promis ? Une semaine, ça passe vite…
-   Mais pour qui tu me prends ? Une nymphomane en chaleur ?  Je sais que je n’ai que peu de temps, merci de me rappeler l’ampleur de la tâche qui m’attend…
-   J’aurais bien aimer suivre pas à pas la progression de ton enquête mais au fond, tu as raison ; on ne peut rien bâtir sur le dos d’une victime. Prendre son pied en sachant qu’un innocent est en prison, c’est un peu du gâchis, non ?
-   Bâtir ? Déconne pas, Fabien ! Et ne viens pas tout gâcher toi-même, ok ? De toute façon, quoi qu’il arrive, nous restons deux adultes consentants et sains d’esprit, on est bien d’accord ?
-   Oui chef !
-   Pff…. »
Lorsqu’il quitta l’appart, vers une heure du matin, je l’accompagnai jusqu’à la porte et nous y échangeâmes un petit bisou timide sur la bouche, comme pour nous préparer à cette longue semaine l’un sans l’autre, nous donner un semblant de courage ou simplement avoir un avant goût de ce qui nous attendait ; ce fut doux, velouté, très légèrement épicé, tout ce qui me plaisait.


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