Magazine Journal intime

Wanèkien

Publié le 10 juillet 2009 par Thywanek
Et hop ! Fini les vacances du blog ! Nous revoilà ! Ouf ! Il était temps ! Commençait à y avoir des toiles d’araignée !
Nous revoilà en forme d’ailleurs puisque c’est à la géniale rubrique de notre désormais célèbre Dictionnaire Analphabétique que va s’ajouter le présent article, au mépris de toutes les règles précédemment édictées pour sa constitution, et, pour la culture égocentrique de Moi, avec un mot tout droit dérivé de mon patronyme pseudonymique, au risque ébouriffant que ça devienne, tenez-vous bien, un mot commun.
En plus ça fait un mot à la lettre w, première lettre de mon analphabet : il n'y en avait pas encore !
On croit rêver !
Donc :
Wanèkien : adj. Du flamengo-néerlando-germano-ardennois « Wanègue », illustre individu bipèdique à destination humaine et de sexe à peu près masculin, qui vit en général sous des latitudes et longitudes tempérées, environ 48°51’24’’ nord et 2°21’07’’ est, sauf lorsqu’il lui prend d’aller s’égayer dans d’autres contrées, selon des rites approximatifs qui aujourd’hui encore plongent nombres de fameux astronomes et d’éminents entomologistes dans des expectatives dont les conjectures ne laissent pas de nourrir leur perplexité. Alors hein !?! Et de « ien », terminaison retenue pour former cet adjectif, ô combien qualificatif, et retenue au détriment de « ois » ce qui aurait donné « wanèkois », trop interrogatif, au détriment de « eux », ce qui aurait donné « wanèkeux », trop suggestif, (je vous connais), et au détriment de « iste », ce qui aurait donné « wanèkiste », trop fluctuant entre le pathologique et l’idéologique.
Donc « wanèkien ».
« Wanèkien » ne définit pas à priori une quelconque complexion physionomique : rien à voir avec un beau grand nez élégant et aristocratique, ni avec un léger et troublant strabisme. Non plus avec un physique de séduisante facture ou avec un crâne régulièrement rasé pour cause de déplumage avancé.
Après tout comme il est dit dans l’Ecclésiaste : « Vanitas vanitatum et omnia vanitas ».
Wanèkien relève bien plutôt d’une certaine dimension intérieure. (Je vous en prie !)
Le caractère « wanèkien » dénote un évident pragmatisme : toujours une main pour caresser et une autre pour baffer. Toujours un pied pour danser et un autre pour botter une paire de fesses.
Par nature taulérhent, au point d’avoir parfois oublier comment ça s’écrit, on est « wanèkien » lorsqu’on se sent tout aussi capable de ne pas souhaiter l’écartèlement en place public d’un croyant intégriste que tendancieusement titillé par les diverses postures que prennent régulièrement dans leur prières les adorateurs d’un dieu : à genoux, à quatre pattes, etc… C’est aussi que lorsqu’on est « wanèkien » on sait bien ce qu’on peut faire d’autre à genoux, ou à quatre pattes.
Ouvert à tout mais pouvant craindre les courants d’air, la sensibilité « wanèkienne » s’exerce à négocier entre son profond dégoût pour les exploiteurs de l’innombrable cheptel humain qui s’engonce régulièrement le cortex devant le journal de vingt heure sur TF1, et son profond dépit de voir ce même cheptel, si facilement agité d’une poignée de hochets publicitaires, s’en aller jouir de sa liberté sous vide dans les pimpants hangars de Monsieur Leclerc et de ses amis.
Peu encline à penser que miracles et formules magiques puissent tenir lieu de programmes politiques, la propension « wanèkienne » s’illustre, et le mot est faible, par une méfiance narquoise dés qu’un propos commence par « Moi, personnellement, je… », « La solution elle est simple… », « Il suffit de … », etc…
Parce que si « toi, personnellement, tu, avais la solution et qu’il suffisait de », depuis le temps, ça se saurait.
Indéfectiblement attaché, c’est un comble, à ce que la liberté ne soit pas une chaîne dont la seule ambition illusoire soit de remplacer toutes les autres, l’être « wanèkien » s’emploie, quasiment à plein temps, à agacer le « droit de », transformé de plus en plus en passe partout pour permettre à n’importe quel Monsieur Dubulbe de s’imaginer que le monde n’a été créé que pour sa seule distraction, ou à n’importe quel Madame Trucmuche de penser, au sens large, que tout autre est présumé parasite.
Résolument tramé d’une insubmersible fibre esthétisante, l’être « wanèkien » s’échine à partager des beautés rares en s’entraînant à se persuader que le dernier tube d’un produit de marketing n’est pas forcément de la merde sous prétexte que ça se vend à des millions d’exemplaires. Même si c’est souvent le cas.
Et c’est pas tout.
Doté d’un esprit passionné, l’être « wanèkien » est souvent la proie d’engouements irraisonnés pour des personnes, des musiques, des livres, des films, des paysages, des vins. Il se peut alors qu’il devienne un peu saoulant. Mais la juste contrepartie de ça c’est qu’il peut, par exemple, voir quelqu’un se servir du coca-cola en mangeant du délicieux bœuf bourguignon qu’il lui sert et qu’il a préparé lui-même sans pour autant étêter son convive.
Pêle-mêle, complétons cet approche en nous résumant : « wanèkien » veut dire à la fois démocrate et dictateur, rieur et mélancolique, jouisseur et métaphysique, beau et laid, caricatural et élégant, grossier et délicat, vulgaire et subtil, bref c’est tout un monde.
De là à dire que « wanèkien » signifie : qui me ressemble, il n’y a qu’un pas que je franchis, franchement, parce que sinon c’est pas la peine de se donner tant de mal !
C’est vrai quoi !

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