Un homme affable VI.7

Publié le 12 juillet 2009 par Sophielucide

Je n’avais aucun doute concernant l’aide indispensable de l’ami Paul dans l’identification de mon pseudo telle que Fabien l’interprétait.  Ainsi pensait-il ma piste crédible et utilisait-il les mêmes « outils » que Louve Solitaire en m’envoyant ce message. Il devait sans doute, grâce à l’informaticien,  avoir accès à la messagerie privée de chacun des membres du site. La réaction quasi immédiate de Louve Solitaire m’apparut alors trop grossière et je sentis une sombre colère monter.  Si Fabien me manœuvrait, cela me serait juste insupportable. Je n’arrivais pas à me faire à l’idée, pris un deuxième bol  de café avant de me décider à l’appeler, pour ensuite abandonner l’option et me reporter sur ce Paul, l’ami-flic, dont je commençais maintenant à douter de l’existence.

Je me trompais là encore, ce qui me fit accepter l’invitation à déjeuner de ce flic avenant, qui attendait patiemment que je le contacte. C’est ce qu’il me confia dans le petit bistro qui lui servait de cantine, à deux pas du commissariat.

Paul baladait sa trentaine débonnaire en arborant  une bedaine ; son visage  imberbe au teint de bébé légèrement rosi, faisait ressortir le bleu outremer de ses yeux. Il m’apparut tout de suite sympathique, me parla de Fabien avec le respect qui signe une vieille amitié, ce que j’admirais toujours chez les garçons : cette virile camaraderie propre à leur sexe. Les amitiés féminines semblent fragiles, à côté ; éphémères en tout ca, ou peut-être illusoires. Le portrait que Fabien lui avait fait de moi était presque élogieux,  il avait parlé à son ami de l’intuition que j’avais de l’affaire qui nous occupait. En tant qu’ingénieur informatique de formation, il me félicita pour la recommandation que j’avais faite à Fabien de vérifier les identités des ordinateurs. Cette fois-ci encore, il usa d’un ton formel pour assurer que les messages récemment envoyés par Louve Solitaire ne provenaient pas d’un des ordinateurs des Massier, ni même d’un cybercafé. Il venait d’un poste à l’étranger, difficilement identifiable, bien qu’il m’assurât se charger de poursuivre son investigation.

Je dus bien convenir qu’une fois de plus, j’avais chargé à tort ce bon Fabien. Par bonheur, je ne l’avais pas appelé ce matin, j’en poussais un soupir de soulagement rétrospectif, souligné par un haussement de sourcil de mon interlocuteur. Je le rassurais sur mon état mental en lui confiant tout simplement mes doutes passagers à l’encontre de Fabien, ce qui lui fit sortir un petit grognement bizarre qui s’avéra son rire : « Excellent ! Il m’a parlé aussi de votre paranoïa latente  ou rampante, en fonction de votre humeur …
-   Charmant…»