Est-ce une porte qui claque ? ou alors des tôles que jette un artiste du bruit ? voilà, c'est cela, il doit se trouver dans les parages un nouveau voisin, amateur de happenings sonores. J'ouvre la fenêtre pour mieux apprécier le tempo délicat : "bang ! bang!"... Je constate un léger défaut d'appréciation quant à la distance et à la nature du son. Il s'agit, ni plus ni moins, d'un petit ou d'un gros pétard dont l'éclatement propulse un bruit de sandales tombant sur un carrelage. Des centaines de sandales sur des milliers de carrelages froids... C'est l'été... Je me souviens qu'enfant déjà, je trouvais curieux cette passion détonante pour les pétards. Mon frère imaginait, combinait, amoncelait la poudre magique. C'était son côté mystique, il multipliait les pains...
On attendait fébrilement qu'une souche d'arbre nous offre le spectacle d'un trou béant au beurre noir. Un pétard incarnait la frustration même, jamais nous n'obtenions les dégâts escomptés. Nous faisions semblant d'ignorer, nous aussi, à quel point le voisinage goûtait peu nos recherche estivales sur l'origine du Big Bang. Les pétards Mammouth, au nom prometteur, furent interdits et remplacés par de vulgaires tampax privés d'intérêt destructeur. C'était sans compter sur l'ingéniosité des fabricants pour faire exploser les ventes en ce début de 21ème siècle. Les fusées pétards prennent la relève, et le sinistre sifflement aérien qui précède l'explosion annonce un jour de deuil : le 14 juillet...